Dans le cadre de sa croisade contre le peer-to-peer (P2P), la Recording Industry Association of America (RIAA) vient de porter plainte contre les créateurs de Lime Wire, un logiciel de partage qui permet de télécharger gratuitement, outre des oeuvres libres de droits, des morceaux protégés par les droits d’auteurs.
C’est ce qui a déchaîné une nouvelle fois les foudres de la RIAA, renforcée par un arrêt de la Cour suprême de 2005, légiférant que toute société mettant à la disposition du contenu illégal se rend complice de la violation de propriété artistique et intellectuelle. La RIAA, qui prenait jusqu’alors son public pour des criminels en puissance (et continue toujours en imposant les DRM) en les accusant de piratage, doit désormais viser les concepteurs de ces logiciels de partages suite à ses annonces sur la baisse du partage de fichiers et le fait que depuis l’apparition de plates-formes de vente légales comme eMusic ou iTunes, le succès des logiciels d'échange de fichiers illégaux a baissé au profit de ces dernières.
Ce sont donc 150 000 $ d’amende que réclame la RIAA par chanson protégée téléchargée. Des plaintes ont aussi été déposées à l’encontre des dirigeants de la société et de la maison mère Lime Group LCC. La semaine dernière, Kazaa, le géant du P2P, courbait l’échine et décidait de payer 100 millions de dollars.
Toutefois, malgré ces actions diverses en justice, ou les coups d'épée dans l’eau comme la saisie des serveurs de Razorbak 2 et la tentative de fermeture du site de Torrent
The Pirate Bay (qui avait rouvert deux jours plus tard), la chute de l’industrie du disque continue de plus belle. En témoignent les chiffres de vente de la semaine dernière aux États-Unis qui ont été les plus mauvais depuis 10 ans. La tête du top est prise par la compilation Now 22 avec 207 000 ventes, suivi de l’album du groupe Los Lonely Boys en deuxième position avec 67 000 exemplaires. Des chiffres plus que catastrophiques pour lesquels la RIAA n’a même pas pu cette année accuser les peertopistes qui se tournent de plus en plus vers les plates-formes légales.
Porter plainte en écoutant ses actionnaires, sans analyser les vraies causes de téléchargement et les vrais effets, a été jusque là la ligne de conduite de la RIAA. Désormais, celle-ci s’attaque aux concepteurs de logiciels qui plient souvent lorsqu’ils sont basés ou font du commerce aux États-Unis, permettant à la RIAA de se fendre d’un communiqué triomphateur auprès du grand public et des peertopistes néophytes.
Il semble donc révolu le temps où le consommateur peu exigeant achetait un disque en fonction de la pub et de ce que lui imposaient les médias. D’un autre côté, l’industrie du disque continue sa chute, et ce n’est pas en intentant seulement des procès à un logiciel parmi tant d’autres, sans compter les logiciels d’échanges cryptés totalement anonymes qui commencent à pulluler, que cette association gagnera sa guerre. Certes, la RIAA gagne, mais ses ventes continuent à péricliter dangereusement. Le public recommence à avoir du goût, l’industrie doit en tenir compte et recommencer à produire une majorité de vrais artistes, sans compter qu’Internet a apporté une nouvelle approche plus directe et intime vis-à-vis des artistes. Bref, c’est aussi et surtout sa manière de fonctionner que doit revoir la RIAA et pas seulement celle des autres.