Le Lézard

P2P : l'industrie contre-attaque !


L’industrie du disque se lance plus que jamais dans la lutte contre le piratage. De procès intentés contre les internautes en attaques visant directement les réseaux P2P, elle démontre que l’heure du dialogue avec les adeptes du téléchargement illégal n’est pas prête de sonner… Tour d’horizon des derniers affrontements.



Nous annoncions en mai dernier l’ouverture d’un forum par lequel l’industrie française du disque souhaitait discuter avec les internautes de la problématique du téléchargement illégal. Bien accueillie malgré son arrivée jugée tardive, l’initiative du Syndicat national de l’édition phonographique n’a malheureusement pas duré plus longtemps que l’embrasement d’un feu de paille… Les internautes qui s’y sont inscrits ont vite déchanté et ont fini par fuir le forum faceface.fr lorsqu’ils ont constaté qu’ils étaient finalement presque seuls à bord du navire, les représentants des maisons de disques et les professionnels de la musique n’étant pas au rendez-vous.

Ces dernières semaines, les mesures offensives prises à l’encontre des réseaux P2P et de leurs adeptes démontrent que l’industrie est finalement encore loin d’être prête à s’asseoir à la table de ses ennemis pour se pencher avec eux sur l’élaboration d’une solution viable, qui saurait satisfaire autant les artistes qu’elle représente que les internautes habitués depuis 10 ans à consommer gratuitement la musique.

Résumons ici les principales attaques récentes de l’industrie, si multiples actuellement qu’elles alimentent quotidiennement les dépêches depuis quelques semaines.

- En France, le 18 octobre 2005, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) avait soulevé l’ire des représentants des maisons de disques en interdisant la collecte des adresses IP des internautes qui téléchargent illégalement des fichiers protégés par les droits d'auteur. Le Conseil d’État a toutefois invalidé la décision de la CNIL le 23 mai dernier, ouvrant ainsi la porte à une possible traque logicielle des adeptes des réseaux P2P.

- Le gouvernement français annonçait récemment son intention d’obliger les fournisseurs d’accès à Internet à envoyer un message de mise en garde préventif à leurs abonnés au moins deux fois par an, à leurs frais. Les internautes poursuivis ne pourront ainsi plus se prévaloir de l’excuse d’ignorance.

- La Société civile des producteurs de phonogramme en France porte plainte contre les éditeurs de trois logiciels P2P, Azureus, Morpheus, et Shareaza. Elle leur réclame des dommages et intérêts allant de 3,7 à 16,6 millions d’euros et souhaite obtenir l’arrêt de leurs activités.

- Aux États-Unis, la RIAA poursuit actuellement 395 étudiants qui se connectent depuis 19 universités différentes. Elle leur propose de régler sans attendre l’amende qu’elle leur réclame en allant sur le site p2plawsuits. S’ils ne le font pas, ils auront à faire face à un procès.

- La Fédération internationale de l'industrie phonographique interpelle les adeptes des réseaux P2P en publiant ce qu’elle appelle les «10 vérités dérangeantes sur l’industrie musicale d’aujourd’hui». Deux des points qu’elle soulève laissent toutefois l’internaute perplexe et l’invitent à se demander si l’industrie est réellement au courant de ce dont elle parle… Ainsi, sa cinquième vérité se traduit en ces termes : «Moins de chiffre d'affaires pour les labels musicaux veut dire moins d'argent disponible pour miser sur des groupes underground et pousse au contraire à investir sur des valeurs sûres.» Le piratage ne saurait toutefois être responsable du succès énorme que rencontrent les artistes «grand public» poussés par une artillerie commerciale bien rodée quand d’autres, plus «underground» n’ont d’autre choix que d’autoproduire, promouvoir et vendre eux-mêmes leurs albums puisqu’aucune maison de disques ne souhaite les accueillir.

L’autre vérité qui dérange est celle-ci : «Les réseaux P2P ne permettent pas de découvrir des nouveaux talents. Ce sont principalement les derniers tubes qui sont échangés.» Nombre d’artistes qui ne passent pas sur les radios commerciales démentent eux-mêmes de tels propos en n’hésitant pas à expliquer comment le téléchargement illégal leur a permis de se faire connaître ailleurs que dans leur propre pays.

En résumé, le nécessaire dialogue entre l’industrie du disque et les internautes s’éloigne bien plus qu’il ne se rapproche…

Publié le 17/06/2007 à 17h00 par Béatrice André


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