« Nul doute que la musique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est en danger, et qu’il nous appartient à tous, ensemble, de nous interroger sur son avenir ». Voilà le constat tardif que l’industrie du disque dresse en 2007. Elle se dit enfin prête à ouvrir le dialogue avec les internautes et se dote d’un site Web pour fraterniser avec l’ennemi.
L’intention d’ouvrir le débat entre les consommateurs de musique et l’industrie du disque est certes louable. Mais elle vient peut-être un peu trop tard… Cela fait 10 ans, depuis que Napster a posé la première brique de l’édifice du piratage, que nombre d’adeptes du téléchargement illégal ont souhaité nouer le dialogue avec les maisons de disques. Ils auraient ainsi voulu leur expliquer les raisons qui les poussaient à ne plus respecter l’industrie. Mais les principaux labels ont choisi de faire la sourde oreille, de répondre à la révolution numérique en se battant bec et ongles pour que rien ne change, pour qu’ils puissent maintenir coûte que coûte leur contrôle sur le commerce de la musique. Aujourd’hui agonisante, l’industrie du disque propose enfin à ses détracteurs de s’asseoir à la même table et de discuter de leur possible avenir musical commun. Toutefois, après qu'elle ait passé dix années à élargir son cercle d’ennemis en intentant des procès aux internautes qui téléchargent illégalement, en implantant les DRM ou en préférant augmenter les prix des disques au lieu de les baisser, ceux qui auront encore à coeur de lui tendre la main ne seront peut-être plus assez nombreux pour la sauver du naufrage…
Le Syndicat national de l’édition phonographique, dont les membres réalisent environ 80 % du chiffre d’affaires du marché du disque en France, vient d’ouvrir le site
faceface.fr sur lequel il invite les internautes à venir s’exprimer sur l’avenir de la musique. Son forum engage la discussion sur les sujets suivants :
- À quoi servent les maisons de disques ?
- Demain, la musique à quel prix ?
- Comment rémunérer les artistes ?
- Les nouveaux modes de diffusions de la musique
Ouvert le 14 mai, le site compte déjà plus de 200 membres inscrits deux jours plus tard. Il faudra toutefois attendre quelques semaines avant de juger si, malgré tant d’années d’animosité, le dialogue entre les internautes et l’industrie peut se faire de manière constructive, ou si l’eau qui a coulé sous les ponts depuis que les maisons de disques ont raté le train a noyé irréversiblement tout terrain d’entente…