Dell est-il encore américain ?

La réponse est peu évidente, si l’on s’intéresse à la nationalité des employés. Certes, des emplois ont été créés par Dell, un des fleurons de l’industrie informatique aux États-Unis, sur le sol national. Mais la part de création d’emplois est beaucoup plus importante à l’étranger, particulièrement en Chine et au Japon.



Sur les 46 000 employés de Dell de par le monde, 51,7 % travaillent à l’étranger, contre 45,8 % pour l’année précédente. Il semble donc que l’on soit en train de passer un cap, celui d’une externalisation qui réduirait la masse salariale nationale, au profit d’un chiffre d’affaires toujours plus compétitif. Mais ce mouvement ne se fait pas sans ratés. L’an passé, un centre d’appels situé en Inde a été fermé suite à une cascade de plaintes pour être implanté ensuite au Texas et dans d’autres États.

Cependant, les avantages de l’externalisation se font nettement sentir d’un point de vue financier. Pour 2003, les revenus d’externalisation ont atteint 17,9 %, croissance la plus rapide parmi les résultats des différentes stratégies d’évolution des entreprises. Cette tendance semble être suivie surtout en période de crise, les entreprises privilégiant sur le sol national les activités les plus rentables, celles de haute technologie, compétence principale des grandes firmes.

Rappelons que le débat est vif aux États-Unis entre les partisans de ce mouvement qui permet aux produits américains d’être de plus en plus compétitifs, et ceux qui voient dans cette tendance un facteur propice de croissance du chômage, et d’une baisse de la consommation. La hausse des compétences techniques des travailleurs indiens ou chinois devient un vrai facteur de concurrence dans de nombreux domaines (informatique, sous-traitance technique, industrie) pour les travailleurs des pays développés. Couplé à une masse salariale faible, il devient inévitable pour les compagnies en recherche de croissance positive de privilégier ce mouvement de délocalisation dans des domaines jusqu’à présent préservés.