On n’est jamais mieux servi que par soi-même; telle pourrait être la devise de Hasan Elahi. Soupçonné par les autorités américaines d’être un terroriste, il a choisi d’étaler sa vie privée sur Internet pour leur prouver son innocence!
Le cauchemar de Hasan Elahi commence en 2002. De retour d’un voyage aux Pays-Bas, l'homme originaire du Bangladesh est interrogé par les autorités à l’aéroport de Detroit. On le suspecte de tremper dans des complots terroristes. Les soupçons ont été éveillés lorsqu’il a ouvert un casier en Floride le lendemain du tragique 11 septembre 2001. Les propriétaires de la société à laquelle appartient le casier ont averti le FBI qu’un Arabe y avait déposé des explosifs. Il n’en était rien. Hasan put prouver qu’il était simplement de passage à Tempa pour y donner un cours puisqu’il est professeur. Il n’avait donc loué le casier que pour y entreposer quelques effets personnels.
Il lui aura toutefois fallu subir le harcèlement du FBI pendant six mois avant d’être enfin innocenté. S’il n’est plus considéré comme une menace désormais, la police américaine lui impose malgré tout de justifier ses moindres faits et gestes auprès du FBI. Au début, il a donc veillé à ne jamais omettre d’avertir les autorités par téléphone avant de partir en voyage. Puis il a décidé d’aller plus loin encore: tant qu’à vivre avec le perpétuel sentiment d’être surveillé par l'organisme fédéral, autant ne pas prendre le risque d’être envoyé à Guatanamo au cas où les agents fédéraux devaient mal faire leur boulot. Il le ferait donc pour eux!
Hasan Elahi a créé le site
Tracking Transience en juin 2002. Il y met en ligne des photos qu’il prend au quotidien, invitant ainsi les autorités américaines et n’importe quel visiteur à le suivre à la trace. Il utilise systématiquement sa carte de crédit et étale le détail de ses dépenses sur le Web. Il porte de plus un bracelet GPS grâce auquel il est possible de le localiser en temps réel par le biais de son site.
Si l’idée de Hasan Elahi peut paraître saugrenue de prime abord, elle a ceci de brillant qu’elle dévoile au monde entier ce que de nombreux musulmans ont à subir depuis le 11 septembre 2001, alors que le FBI les prive de leur liberté de mouvement pour des motifs aussi dérisoires que la location d’un casier d’entreposage. De plus, sachant qu’il a apporté la preuve du caractère inoffensif de ses actes en l’étalant ouvertement sur la Toile, les autorités américaines craindront certainement de soulever l’ire de nombre de témoins virtuels au cas où elles décideraient malgré tout de s’acharner sur Hasan malgré l’évidence de son innocence.