Jusqu’à présent, aucun système de téléchargement légal de musique n’avait su pleinement satisfaire les internautes. Le prix trop élevé des fichiers numériques vendus par iTunes et ses concurrents ne donnait aucunement envie à ceux qui fréquentent les réseaux P2P de renoncer au piratage. Peter Gabriel pense avoir trouvé la solution qui saura plaire autant aux mélomanes qu’aux artistes.
L’ex-chanteur de Genesis propose probablement la solution la plus intéressante tant pour les musiciens que pour les internautes. Il lance
We7, un site qui bâtit un pont entre le téléchargement légal et la possibilité d’acquérir de la musique sans avoir à la payer. Les artistes seront en effet rémunérés grâce aux messages publicitaires ajoutés au début de chaque fichier.
Le fonctionnement de We7 est simple et efficace. Vous téléchargez le fichier, vous vous tapez entre 4 et 10 secondes de blabla publicitaire, et la chanson commence. Pour le moment, les messages ne tournent qu’autour du site lui-même. Avant qu’il vous soit possible d’écouter le morceau que vous venez de télécharger, on vous déblatère des slogans tels que « The time to We7 is now » ou encore « Don’t steal it, We7 it! It’s free! » L’utilisateur peut actuellement faire son choix parmi un nombre très limité de MP3 disponibles. Le site ne devrait être réellement lancé que cet été.
Toute personne qui se soucie du respect des droits d’auteur des musiciens peut arguer avec justesse qu’il s’agit là d’un moindre mal. La longévité du projet de Peter Gabriel n’en est pas pour autant assurée… En effet, il est trop facile de se jouer des contraintes imposées par We7. En principe, l’utilisateur devrait accepter d’entendre le message publicitaire pendant 4 semaines. Après ce délai, il aura la possibilité de télécharger de nouveau le fichier gratuitement, cette fois sans publicité. Or, rien n’empêche l’internaute de couper immédiatement les quelques secondes indésirables en utilisant un éditeur audio. Il se retrouve ainsi avec un MP3 encodé en 128 kb/s, sans DRM, acquis en toute légalité… Il y a fort à parier que les maisons de disques, qui sont encore majoritairement réfractaires à la vente sans verrou anticopie de leur catalogue, s’opposent à ce mode de distribution trop souple.
We7 démontre toutefois qu’il peut y avoir d’autres avenues possibles pour rémunérer les artistes tout en tenant compte du désir qu’ont nombre d’internautes de continuer à consommer de la musique gratuitement, ce qu’ils font depuis 10 ans déjà. L’effort de Peter Gabriel est donc fort louable, mais il risque toutefois de ne pas être suffisant.