Le Lézard

L'Internet, sanctuaire d'Al-Qaïda


Hamid Mir, le biographe d’Oussama Ben Laden, avertissait dès 2001 qu'« à chaque instant, les membres d’Al Qaeda transportent un ordinateur portable avec leur Kalashnikov ». Force est de constater quatre ans plus tard qu’Al-Qaïda est devenu le premier mouvement terroriste (ou de guérilla, c’est selon) qui utilise de manière tout à fait mature et pragmatique le cyberespace.



Pire, cet espace virtuel est devenu une sorte de refuge, de sanctuaire après la défaite des talibans et d’Al-Qaïda en Afghanistan lors de l’offensive américaine de décembre 2001. Entraînements, communications, planifications d’opérations; voilà autant d’opportunités fournies par l’intermédiaire de la Toile à des fins sanglantes.

Il est aujourd’hui prouvé que les unités de l’organisation terroriste qui agissent en Irak contre les forces de la coalition dépendent au quotidien de leurs communications électroniques. Elles en ont besoin en terme de visibilité bien sûr (les revendications d’attentats se font désormais par publication sur des sites web), mais aussi pour ce qui est de la stratégie à suivre et des techniques d’entraînement et de combats circulant de façon anonyme sur le web. Il en est de même pour les cellules de l’organisation dispersées au Moyen-Orient (Égypte, Qatar) ou en Europe.

L'école de la guérilla

La capacité documentaire de l’Internet fournit un matériel inépuisable aux terroristes et apprentis terroristes. Salons de discussions, news group, documents disponibles en ligne sont autant de moyens de faire circuler et de stocker des informations essentielles qui sont à portée de souris des terroristes. Celui qui cherche trouve sans peine comment préparer du poison, comment construire une bombe artisanale, mais aussi comment se déplacer dans les pays du Moyen-Orient sans se faire repérer, voire comment tuer à coup sûr un soldat américain.

La plupart du temps, ces informations sont disponibles en langue arabe, ourdou, voire pashtoune, c’est-à-dire accessibles à une large majorité de volontaires au djihad (guerre sainte) qui viennent principalement du Proche et du Moyen-Orient. L’Internet est devenu véritablement l’épine dorsale de cette organisation fonctionnant grâce à des synapses reliées entre elles.

Fonctionner en réseau

Dennis Pluchinsky, spécialiste américain de la lutte contre le terrorisme travaillant pour le gouvernement américain, explique que désormais le phénomène terroriste est dirigé par Internet dans le sens où le réseau est véhicule de l’information, mais donne aussi une forme particulière et unique aux actions terroristes. De fait, c’est la structure même de l’organisation qui est impactée par celle du réseau Internet. L’organigramme d’une organisation clandestine classique se retrouve bouleversé. Ce schéma, composé habituellement d’une tête pensante, reliée à des cellules étanches, n’est plus de mise pour tenter de comprendre comment fonctionnent les terroristes.

L’omniscience du réseau permet en effet de diminuer les risques d’arrestation aux frontières ou dans les mosquées, puisque les hommes ne circulent plus avec l’information, mais suivent bel et bien deux circuits parallèles. Ainsi, un formateur d’Al-Qaïda qui se déplacerait d’un pays à l’autre n’aurait aucun mal à franchir des frontières si toute la documentation qui lui est nécessaire pour instruire ses élèves voyage par Internet. À terme, même son propre déplacement devient inutile s’il peut lui-même à distance et de manière tout à fait confidentielle enseigner à des milliers de kilomètres en passant par la Toile. « Ils ont compris qu’à la fois le temps et l’espace ont été conquis de multiples façon par Internet » rapelle John Arquilla, professeur à l’école navale américaine et inventeur il y a plus de 10 ans du terme de « netwar ».

Communauté virtuelle fanatique

Un des indicateurs le plus efficace pour mesurer la progression du réseau terroriste à l’intérieur du cyberespace reste le nombre de sites Web d’obédience djihadiste. Gabriel Weimann, professeur à l’Université de Haifa, traque depuis huit ans les sites Web terroristes. De 12 sites en 1997, on passe aujourd’hui à plus de 4500 sites. « Ils sont tous reliés indirectement à travers des associations de croyances des appartenances communautaires. L’Internet est le réseau qui les connecte tous. Vous pouvez y voir une communauté virtuelle » évoque Weimann.

Cette communauté virtuelle rejoint le voeu de Oussama Ben Laden. Une fois les frontières nationales et ethniques effacées, l’Oummah, c’est-à-dire la communauté des croyants, se confond avec la communauté numérique, permettant une union solide tout en conservant une flexibilité due à la nature même du réseau.


Publié le 15/08/2005 à 01h00 par Guillaume Serries

Source:
presence-pc.com



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