Energie : l'avenir du Niger et de l'Afrique sera solaire et l'UE l'y aide

BRUXELLES, 09 July 2023 / PRN Africa / -- Je me suis déplacé au Niger mercredi et jeudi dernier pour y rencontrer le président Bazoum et les autorités du pays afin de développer le partenariat qui nous lie. Dans cette région critique du Sahel, marquée notamment par les activités de nombreux groupes terroristes mais aussi de celle des mercenaires de Wagner au service de régimes autoritaires, le Niger est une ancre de stabilité. Ce pays qui a fait le choix de la démocratie et de la coopération avec l'UE, est pour nous un partenaire essentiel.

Une part essentielle du sort du monde se joue en Afrique subsaharienne

Je reviendrai ultérieurement sur les autres aspects de cette mission mais je voudrais dans ce post de blog me concentrer sur l'inauguration de la centrale électrique solaire de Gouro Banda près de Niamey à laquelle nous avons procédé mercredi dernier avec le président Bazoum. Comme chacun le sait, une part essentielle du sort du monde au XXIème siècle se joue en Afrique subsaharienne, dont la population augmente rapidement. C'est le cas en particulier au Niger où cette population est passée de 3,4 millions de personnes en 1960 à plus de 25 millions de personnes aujourd'hui. Même si son rythme ralentit désormais, le Niger connait encore une croissance démographique de plus de 4% par an, la plus rapide au monde.

Cette évolution pose de nombreux défis au Niger comme aux autres pays de la région. Mais un de ces défis les plus essentiels, à la fois pour l'Afrique subsaharienne et pour le monde, concerne l'énergie et les émissions de gaz à effet de serre qui y sont associées. Il n'y a bien entendu strictement aucune raison de considérer que les Nigériens et les autres Africains n'auraient pas le droit d'utiliser autant d'énergie que les Européens pour se déplacer, cuisiner, se chauffer ou se rafraichir, produire... Or en 2020, un habitant d'Afrique subsaharienne ne consommait en moyenne que 170 KWh par an soit 16 fois moins qu'un Européen.

Si l'Afrique reproduit le schéma que nous avons suivi en Europe depuis deux siècles, le changement climatique va encore s'accélérer et prendre des proportions insoutenables.

Mais si l'Afrique reproduit demain le même schéma que celui que nous avons suivi en Europe depuis deux siècles en misant en priorité sur les énergies fossiles pour alimenter son développement économique et social, le changement climatique va encore s'accélérer et prendre des proportions insoutenables. Pour que le développement ? indispensable ? de l'Afrique soit soutenable, les sources d'énergie utilisées doivent impérativement être neutres sur le plan climatique.

Même si le prix des technologies renouvelables baisse rapidement, elles restent néanmoins souvent encore plus chères à déployer que des technologies liées aux énergies fossiles classiques. Faire en sorte que nos partenaires africains fassent le choix de ces énergies vertes implique que les pays développés, et donc l'Union Européenne, les y aident à la fois en termes financiers et en matière de transferts de technologie. Ce n'est de toute façon que justice compte tenu de la responsabilité historique que portent ces pays développés dans le changement climatique. C'est ce qui a été rappelé récemment encore au Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial : personne ne doit avoir à choisir entre la réduction de la pauvreté ou la protection de la planète. C'est sur ces deux fronts à la fois qu'il faut agir.

Pour que nos partenaires africains fassent le choix de ces énergies vertes, il faut que l'Union Européenne les y aident à la fois en termes financiers et en matière de transferts de technologie.

Cette problématique concerne plus particulièrement l'électricité, une énergie centrale pour de multiples usages essentiels comme la lumière pour pouvoir étudier le soir pour l'école, l'accès à internet et à la télévision pour s'informer, le téléphone portable pour communiquer à distance et accéder à une foule de services publics ou privés, la chaîne du froid pour préserver et transporter des aliments...

Or en Afrique subsaharienne 600 millions de personnes, près d'un habitant sur deux, n'ont toujours pas accès à l'électricité même si ce nombre se réduit heureusement d'année en année. Et le Niger est pour l'instant un des pays d'Afrique subsaharienne où cet accès à l'électricité est le plus limité avec moins de 20% des habitants qui en disposent, dont moins de 3% dans les zones rurales.

La difficulté à gérer des grands réseaux complexes

De plus, bien souvent, même quand les habitants d'Afrique Subsaharienne ont accès à l'électricité, celle-ci n'est pas toujours disponible régulièrement du fait des difficultés dans l'entretien et la gestion de réseaux complexes et des grandes unités de production à base d'énergies fossiles. L'Afrique du Sud a connu en particulier de gros problèmes sur ce plan au cours des derniers mois. Les fortes variations des cours des énergies fossiles handicapent aussi de nombreux pays du Sud.

L'électrification de l'Afrique est et sera étroitement liée au déploiement du solaire photovoltaïque qui peut être déployé de manière décentralisée.

Pour autant, l'Afrique subsaharienne et le Niger en particulier, disposent de ressources renouvelables abondantes et en particulier de l'une d'entre elle, quasi inépuisable : le soleil. C'est pourquoi l'électrification de l'Afrique est et sera étroitement liée au déploiement du solaire photovoltaïque. Celui-ci présente l'avantage de pouvoir être déployé de manière décentralisée, permettant ainsi de surmonter les difficultés liées à la gestion et à la maintenance de grands réseaux complexes et d'unités de production géantes centralisées. De plus l'électricité verte est un accélérateur puissant de développement économique : on estime qu'investir dans le renouvelable permet de créer trois fois plus d'emplois localement qu'avec les énergies fossiles à puissance équivalente installée. Le Niger accueillera d'ailleurs à l'automne prochain une grande conférence internationale sur l'énergie solaire à Niamey.

La centrale photovoltaïque de Gouro Banda va alimenter 500 000 personnes

C'est dans ce contexte général que nous avons donc inauguré mercredi dernier la nouvelle centrale photovoltaïque de Gouro Banda près de la capitale Niamey au Niger. Cette centrale de 30 MW, opérée par Nigelec, l'entreprise publique d'électricité du Niger, va permettre d'alimenter 70 000 foyers soit environ 500 000 personnes. Niamey a connu en effet ces dernières décennies une augmentation exponentielle de sa population aggravant une situation déjà largement déficitaire en matière de production d'électricité ce qui entraîne des délestages réguliers. Cette centrale permettra au Niger d'accroitre sa production d'électricité tout en économisant des importations supplémentaires d'énergies fossiles.

Ce projet s'inscrit dans le cadre de ceux soutenus par le Global Gateway, déployé par l'Union Européenne pour aider aux transitions énergétique et numérique chez nos partenaires. Ce projet d'un coût total de ?30 millions a été financée à hauteur de 5M? par un don UE et de 23,5M? par l'agence Française de Développement (AFD) sous forme de prêt. Ce partenariat entre l'UE et un de ses Etats membres, en l'occurrence la France très engagée dans le soutien au développement du Niger, illustre la démarche Team Europe que nous souhaitons généraliser dans le cadre du Global Gateway, en Afrique et ailleurs.

Au-delà de cette centrale, l'UE est aussi impliquée dans de nombreux projets dans le domaine de l'énergie au Niger. Nous contribuons également avec l'AFD à la construction d'une centrale de 25 MW (19 MW solaire et 6 MW diesel) équipée de 10 MW de batteries de stockage à Agadez, dans le Nord du pays, pour ?16millions sur un coût total ?32 millions. Nous aidons à développer le réseau électrique dans le Nord du pays et à électrifier les zones rurales avec la Banque Africaine de Développement (BAD) et l'AFD pour un montant de ? 25,5 millions.

La priorité immédiate est bien évidemment celle de l'accès de tous les Nigériens et de toutes les Nigériennes à l'électricité mais à terme, le potentiel de l'énergie solaire dans la région est si massif que celle-ci pourrait jouer également un rôle significatif dans le développement d'une économie de l'hydrogène à destination en particulier de l'Union Européenne.

Nous avons bien entendu discuté de beaucoup d'autres sujets avec nos interlocuteurs nigériens, et notamment de sécurité et de la situation régionale, et j'y reviendrai prochainement, mais la problématique de l'énergie et du changement climatique est si centrale pour notre avenir commun qu'elle méritait je crois une attention particulière.

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SOURCE Commission europénne