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Cancer du sein : Les risques des retardateurs de flamme bromés


MONTRÉAL et LAVAL, QC, le 12 mars 2021 /CNW Telbec/ - Les retardateurs de flamme bromés (RFB) se retrouvent dans les meubles, les appareils électroniques et les articles de cuisine pour ralentir la propagation des flammes en cas de feu. Or, il a été démontré que ces molécules pourraient entraîner un développement précoce des glandes mammaires, associé à un risque plus élevé de cancer du sein. L'étude sur le sujet de la professeure Isabelle Plante de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) a fait la couverture du numéro de février de la revue Toxicological Sciences.

Une partie des retardateurs de flamme sont considérés comme des perturbateurs endocriniens, c'est-à-dire qu'ils interfèrent avec le système hormonal. N'étant pas directement liées au matériau dans lequel elles sont ajoutées, leurs molécules s'en échappent facilement. Elles se retrouvent ensuite dans la poussière de maison, l'air et la nourriture.

Cette exposition peut entraîner des problèmes pour les glandes mammaires, dont le développement est hautement régulé par les hormones. «?Les RFB posent un risque important, particulièrement durant les périodes de sensibilité, soit de la vie intra-utérine à la puberté et pendant la grossesse?», souligne la professeure Plante, codirectrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens et spécialiste en toxicologie environnementale. En effet, les perturbateurs endocriniens peuvent imiter les hormones et engendrer une réponse inappropriée des cellules.

Les effets de la dose environnementale

Lors de ses expériences, l'équipe de recherche a exposé, avant l'accouplement, pendant la gestation et durant l'allaitement, des femelles rongeurs à un mélange de RFB semblable à ce qui se trouve dans la poussière de maisons. Les biologistes ont ainsi pu observer ses effets sur les mères et leur progéniture, et ce, lors de deux stades de développement.

L'équipe a noté un développement précoce des glandes mammaires chez les rats prépubères. Pour les rats pubères, les résultats, publiés en 2019, montraient une dérégulation de la communication entre les cellules. Des conséquences semblables ont été observées chez les génitrices dans une étude de 2017. Tous ces effets sont associés à des risques accrus de cancer du sein.

La professeure Isabelle Plante souligne que des pics d'exposition aux RFB ont été constatés chez les humains au début des années 2000. «?Les jeunes femmes exposées aux RFB in utero et pendant l'allaitement sont maintenant au début de leur fertilité. Leurs mères sont, quant à elles, dans la cinquantaine, une période plus à risque pour le cancer du sein?», souligne la professeure Plante. C'est pourquoi l'équipe étudie actuellement le lien entre les perturbateurs endocriniens et une prédisposition au cancer du sein, le tout financé par la Fondation cancer du sein du Québec et la Société de recherche sur le cancer.

Une législation débattue 

Dans les trois études, la plupart des effets s'observaient alors que les sujets étaient exposés à la dose la plus faible de RFB, celle de la poussière, et non aux doses plus élevées. Cette observation remet en question la législation actuelle pour les perturbateurs endocriniens. «?Pour évaluer quelle quantité est "sécuritaire", les experts exposent les rongeurs à une dose croissante puis, quand ils observent un effet, l'identifient comme la dose maximale. Or, avec les perturbateurs endocriniens, ce sont les doses plus faibles qui auraient des conséquences à long terme?», rapporte la professeure Plante.

Quoique contre-intuitif, ce constat viendrait du fait que l'exposition à des doses élevées entraînerait une réponse toxique auprès des cellules, alors que celle à des doses plus faibles, semblables à la concentration d'hormones dans notre corps, entraînerait des conséquences sur le plan de la dérégulation du système hormonal.

À propos de l'étude

L'article «?In Utero and Lactational Exposure to an Environmentally Relevant Mixture of Brominated Flame Retardants Induces a Premature Development of the Mammary Glands?», par Rita-Josiane Gouesse, Elham Dianati, Alec McDermott, Michael G Wade, Barbara Hales, Bernard Robaire et Isabelle Plante, a été publié dans la revue Toxicological Sciences. Cette étude a reçu le soutien du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et de Santé Canada.

À propos de l'INRS

L'INRS est un établissement universitaire dédié exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs. Depuis sa création en 1969, il contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. L'INRS est 1er au Québec et au Canada en intensité de recherche. Il est composé de quatre centres de recherche et de formation interdisciplinaires, situés à Québec, à Montréal, à Laval et à Varennes, qui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques : Eau Terre Environnement, Énergie Matériaux Télécommunications, Urbanisation Culture Société et Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Sa communauté compte plus de 1?500 membres étudiants, stagiaires postdoctoraux, membres du corps professoral et membres du personnel.

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SOURCE Institut National de la recherche scientifique (INRS)


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