COVID-19 : Les résultats d'une nouvelle enquête montrent que les médecins français ont été confrontés à des enjeux éthiques inédits pendant la crise
Utilisation de traitements non approuvés, dont l'hydrochloroquine, devoir exagérer les facteurs de risque sous-jacents pour obtenir des tests pour leurs patients, prise en charge particulièrement difficile pour les patients non-Covid atteints de cancer ou de maladie psychiatrique... : les dilemmes éthiques rencontrés étaient multiples.
PARIS, 23 juin 2020 /PRNewswire/ -- Les médecins français ont été confrontés à des questions éthiques sans précédent pendant la crise sanitaire du COVID-19. Entre le 16 avril et le 19 mai 2020, Medscape, le premier site d'information pour les médecins et les professionnels de santé du monde entier, a reçu les témoignages de 470 praticiens et analysé les données de 336 médecins exerçant en France métropolitaine pour mieux comprendre l'impact de COVID sur l'éthique médicale.
Un peu plus de la moitié des médecins français interrogés ont fourni des soins primaires aux patients atteints du COVID-19. L'enquête révèle notamment que :
Près d'un médecin sur cinq a prescrit des médicaments qui n'avaient pas d'autorisation de mise sur le marché spécifique pour les patients atteints du COVID-19. Dans 75 % des cas, il s'agissait du traitement controversé hydroxychloroquine/chloroquine, avec ou sans azithromycine.
Près de la moitié des médecins pensent qu'il est justifié d'accélérer l'autorisation de nouveaux traitements pour le COVID-19, tandis que trois médecins sur huit sont contre cette démarche, et un sur huit demeure incertain sur la question.
Près d'un médecin sur dix admet avoir exagéré les facteurs de risque cliniques sous-jacents d'un patient pour obtenir un test COVID-19 pour celui-ci. Mais seuls 3 % l'ont fait pour être eux-mêmes testés.
Un peu plus de 40 % des médecins estiment que les soignants nouvellement impliqués dans la prise en charge des patients COVID-19 n'ont pas reçu une formation adéquate. Le COVID a mis en évidence, de manière concrète, le manque de personnel médical et paramédical en France, dénoncé bien avant la crise par les soignants.
Plus de 40% des praticiens, toutes spécialités confondues, ont été en contact direct avec des patients atteints de COVID-19 sans équipement de protection adéquat. Alors que les médecins lançaient des appels désespérés, le Conseil d'État refusait de réquisitionner l'industrie.
Des choix thérapeutiques difficiles et des compromis au centre des questions éthiques
45% des médecins déclarent avoir été confrontés à des problèmes éthiques spécifiques dans leur pratique pendant l'épidémie du COVID-19. Ces conditions ont été une source de grande inquiétude et de frustration, avec parfois des conséquences dramatiques, notamment :
Le retard dans la prise en charge des patients non COVID a été le plus préoccupant pour les médecins, en particulier en oncologie. La crise sanitaire a donc « condamné des malades ».
La prise en charge des patients en psychiatrie a été particulièrement difficile, avec des conséquences parfois dramatiques : « ne pas pouvoir faire hospitaliser une patiente qui acceptait seulement notre service... la procédure imposant le passage en service d'attente, elle s'est suicidée ».
L'angoisse des patients : les médecins se sont parfois sentis « impuissants face à des patients inquiets » et ont dû faire face à de nombreuses « demandes d'arrêt de travail », parfois « abusives ». Certains ont accepté pour « éloigner des patients d'un cluster (ex. usine) » ou « pour qu'ils puissent garder leurs enfants ».
Les services de réanimation ont fait l'objet d'un profond défi éthique pour de nombreux répondants à cette enquête. Un médecin urgentiste décrit « la sensation de pratiquer une forme d'euthanasie active dans une situation très traumatisante ». « Les critères d'admission étaient plus stricts, ce qui représentait une perte définitive d'opportunité pour les patients ».
La situation dramatique des EHPAD a marqué les médecins. Au-delà de « l'impossibilité de suivre les patients dans les EHPAD », de nombreuses personnes ont commenté « l'isolement forcé », parfois « inhumain ».
La protection du secret médical concernant le statut viral des patients, mais aussi « des collègues », a fait l'objet de pression. Certains relatent les « pressions des employeurs » pour « divulguer l'informations sur la positivité des patients au SARS-CoV-2 ». Pour d'autres, c'est le « recueil des données sans consentement clair des patients » qui posait problème.
Enfin, suivre des directives avec lesquelles ils étaient en désaccord ou des « recommandations qui évoluent d'un jour à l'autre » était une grande source de frustration. « Faire varier les recommandations médicales pour cacher les carences n'est pas éthique », souligne un généraliste.
Une certaine fierté d'avoir contribué à la lutte contre la pandémie
Si 70% des répondants admettent être fières d'avoir participé à la lutte contre l'épidémie, ils invitent néanmoins à la modestie : « Il ne faut pas en faire trop, je suis un professionnel, pas un héros », précise un urgentiste.
On décèle de l'amertume chez de nombreux répondants. « Non, je ne suis pas fière... si nous avions eu les moyens de donner une chance à tous les patients dont l'état de base le méritait, nous pourrions être fiers », regrette une urgentiste. Pour ce réanimateur : « Ce n'est pas l'intensité [de la crise] qui est différente - j'ai vécu d'autres situations aussi lourdes - mais sa durée, l'absence d'horizon, et la quasi-certitude qu'on aura rien appris... ».
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