Le Lézard
Sujets : Droit / Problèmes légaux, Lois fédérales et d'états, Première Nation, Plaidoyer (politique), CPG

Opitciwan amorce les démarches légales pour la reconnaissance de leur titre et leurs droits ancestraux


Après 40 ans de négociations, les Atikamekw se tournent vers la Cour supérieure

MONTRÉAL, le 22 janv. 2019 /CNW Telbec/ - Le Conseil de la Première Nation Atikamekw d'Opitciwan et les mandataires des familles traditionnelles étaient réunis aujourd'hui à Montréal afin de déposer à la Cour supérieure du Québec une requête pour la reconnaissance de leur titre et leurs droits ancestraux sur leur territoire ancestral, Opitciwan Iriniw Otaskiwaw.

Dans sa requête, le Conseil d'Opitciwan demande à la Cour supérieure du Québec de reconnaitre que les Atikamekw de la Première Nation d'Opitciwan ont un titre exclusif sur l'ensemble de leur territoire ancestral, lequel n'a jamais été cédé, reconnaissant ainsi le droit à la Première Nation de décider comment le territoire sera utilisé, qui l'occupera et le possédera, et de gérer le territoire et ses ressources naturelles de manière responsable et selon ses valeurs et ses coutumes. Le territoire d'Opitciwan Iriniw Otaskiwaw est situé en Haute-Mauricie, totalise une superficie approximative de 26?360 km2 et est occupé aujourd'hui par une trentaine de familles qui, à l'instar de leurs ancêtres, y exercent toujours des activités traditionnelles et de subsistance.

La requête vise également la reconnaissance des droits ancestraux liés à l'utilisation du territoire et de ses ressources, dont la chasse, la pêche, la trappe, la cueillette et la récolte pour la fabrication d'objets utilitaires ou culturels. Encore aujourd'hui, tout comme leurs ancêtres, les Atikamekw d'Opitciwan continuent d'entretenir un lien privilégié avec leur territoire ancestral et traditionnel. Ils continuent de le fréquenter, d'y puiser les ressources pour assurer leur subsistance et d'y pratiquer des activités traditionnelles.

Enfin, la démarche vise à affirmer de façon formelle que la Loi sur le règlement des revendications des autochtones de la Baie James et du Nord québécois de 1977 n'a pas eu pour effet, au moment de son entrée en vigueur, d'éteindre les revendications, les droits, les titres et les intérêts revendiqués par la Première Nation d'Opitciwan sur la partie du territoire revendiqué visée par le territoire d'application de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ).

«?La reconnaissance par les gouvernements de notre droit à l'autodétermination sur la gestion de notre territoire ancestral et ses ressources reste, encore aujourd'hui, un enjeu majeur et une source de conflit et de mécontentement. Le concept de Nation à Nation reste théorique lorsqu'il est question de la gestion du territoire. La reconnaissance du titre et des droits ancestraux par la Cour supérieure du Québec demeure le meilleur moyen d'assurer la protection et la sauvegarde de notre territoire?», a déclaré Christian Awashish, Chef du Conseil des Atikamekw d'Opitciwan. «?Encore aujourd'hui, le territoire ancestral joue un rôle de subsistance et est au coeur de la vie culturelle et spirituelle de nos membres. Le temps est maintenant venu de défendre nos droits et de réaffirmer notre souveraineté, de prendre en main notre destinée et de regagner notre dignité en prenant un nouveau chemin, la voie juridique. La reconnaissance par la Cour supérieure est le premier pas vers la réconciliation de nos Nations?», a poursuivi le chef Awashish.

40 ANS DE NÉGOCIATIONS QUI TOURNENT EN ROND

Le dossier de la reconnaissance du titre et des droits ancestraux sur le territoire ancestral atikamekw ne date pas d'hier. Depuis maintenant près de 40 ans, une table de discussion tripartite entre les représentants des communautés atikamekw et des gouvernements du Québec et du Canada cherche à régler les revendications territoriales des Atikamekw et vise l'atteinte de la réconciliation.

Malheureusement, les dernières propositions soumises dans l'entente de principe étant jugées insatisfaisantes, les élus du Conseil d'Opitciwan, appuyés par les mandataires des familles traditionnelles, ont voté à l'unanimité hier une résolution ordonnant la révocation immédiate du mandat de négociation du Conseil de la Nation (CNA) à la table de négociation Atikamekw/Québec/Canada. C'est dans ces circonstances que le Conseil d'Opitciwan amorce une nouvelle stratégie pour la reconnaissance de ses droits.

«?Après 40 ans de négociations qui ne nous ont pas permis d'aspirer à un projet de société, je pense que personne ne pourrait nous accuser d'avoir manqué de patience. Je comprends la complexité et le caractère sensible des enjeux de reconnaissance des droits et des titres autochtones par les gouvernements, mais il y a des limites à étirer le processus. L'entente de principe issue de la négociation tripartite n'est certainement pas à la hauteur des aspirations de notre projet de société. En fait, les concessions demandées par les gouvernements sont nettement insuffisantes et irrecevables et sont pour nous un réel recul. Nous nous interrogeons sur la bonne foi des gouvernements, nous pensons que le temps est venu pour Opitciwan de défendre son destin et nous sommes déterminés à mener ce combat, avec tous les moyens nécessaires, jusqu'à ce que justice soit faite?», a conclu le chef Awashish.

 

SOURCE Conseil des Atikamekw d'Opitciwan



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