Une bien triste statistique s'abat sur les Canadiens: ils sont les leaders en terme de piraterie musicale, et ce, dans le monde. Chez eux, pas moins de 1,6 milliard de fichiers audio sont téléchargés en catimini.
Ces actes, bien que répréhensibles, reflètent une absence totale de modernisme dans la législation canadienne au niveau des droits d'auteur côté musique en format numérique. Sans êtes modifiées pour mieux s'adapter au monde d'aujourd'hui, ces lois laissent toute la place aux pirates, petits et grands, afin qu'ils s'adonnent à leurs chasses sonores sans défrayer le moindre cent.
Pire; en 2004, la Cour suprême du Canada statuait que les fournisseurs de services Internet, mieux connus sous le nom d'ISP (Internet Service Provider), n'avaient pas à payer de redevances aux artistes concernant la musique téléchargée illégalement grâce à leurs services. Encore plus invraisemblable, la Cour fédérale du Canada a statué, en mars 2005, que télécharger de la musique numérique et la partager n'enfreignait aucunement les droits d'auteurs et n'est donc pas illégal.
Sous le dernier gouvernement libéral, une tentative de modifier cette loi a été enregistrée, mais n'est jamais parvenue jusqu'au vote, masquée sous les élections.
Un exemple à ne pas suivre
Le Canada ne fait donc pas bonne impression. Il a été qualifié de pays possédant « le plus grand taux de piraterie en ligne par habitant dans le monde », d'après l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Parallèlement, de l'autre côté de l'Atlantique, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont apporté des modifications à leur charte de droits d'auteur grâce à une réforme prenant en considération la musique numérique téléchargée en ligne. Résultat : le nombre d'utilisateurs téléchargeant de la musique grâce à des logiciels légaux tels qu'Itunes surpasse celui des pirates. En fait, pratiquement toute l'Europe s'est adaptée.
Des chiffres qui parlent
Depuis 2004, la vente de musique au Canada a subi une baisse de 4 %, passant à 608,7 millions de dollars, selon ce que rapporte la Canadian Recording Industry Association (CRIA). Pourtant, selon un sondage effectué par
Pollara, 91% des Canadiens se disent en faveur de protéger par le biais du droit d'auteur sur les oeuvres d'artistes, compositeurs, musiciens, auteurs et autres figures de la musique. Toujours dans la même veine, 74% des Canadiens sondés ont la certitude que le pays devrait s'ajuster aux lois et/ou traités internationaux déjà émis afin que ses artistes et ceux outre-frontière soient payés pour leur travail.
La CRIA a aussi dévoilé des chiffres alarmants au niveau des ventes de cassettes et de CD en magasin: la décroissance, pour la période de 1999 à 2005, aurait atteint 41% ou, en plus concret, 541 millions de dollars et 20% d'emplois perdus.