Le Lézard

Une drogue anti radiation


Les radiations nucléaires ont de quoi faire frémir : parlez-en à tous ceux qui ont eu à vivre la catastrophe de Tchernobyl, en Ukraine. Et ils sont loin d'être les seuls à écoper, car au cours de la deuxième guerre mondiale les villes de Hiroshima et Nagasaki avaient elles aussi subies d'énormes expositions directes à ce fléau. Plus près de nous, les patients atteints de cancers sont souvent traités avec cette même radiation qui a pour but de s'attaquer à la tumeur. Toutefois, dans plusieurs cas, des cellules innocentes sont affectées, ce qui a pour conséquence d'entraîner une rapide dégradation de la santé générale chez la personne visée.

C'est à ce moment précis que désire intervenir Andrei Gudkov, un scientifique de la Roswell Park Cancer Institute aux États-Unis. Grâce à une nouvelle drogue développé dans ses laboratoires, la CBLB502, les cellules en santé seraient protégées lors d'une radiation. Le processus d'élimination des cellules cancéreuses, quant à lui, n'en serait absolument pas touché. Pour parvenir à ce but, Gudkov utilise une technique nommée "suicide cellulaire" ; lorsque des cellules saines sont exposées à la radiation, même par doses infimes, elles se suicident. En revanche, les cellules cancéreuses bloquent cette manifestation (signalement NFKB*), grossissant ainsi la taille de la tumeur.

En imitant le truc emprunté par les cellules cancéreuses, Gudkov et son équipe ont réussi à empêcher les cellules saines de s'auto-détruire en introduisant de la flagelline - une protéine construire à base de bactéries qui active le signal NFKB. Ils ont ensuite testé la drogue expérimentale sur des singes rhésus et des souris avant de les exposer à des doses léthales de radiation nucléaire. La drogue avait été administrée entre 15 à 60 minutes avant le test.

Fait remarquable, les cellules chez les deux types d'animaux ont été préservés dans leur entièreté. De plus, aucun effet secondaire n'a été observé. Dans ce cas, d'une pierre trois coups puisque les tumeurs ont aussi été détruits au passage. Les souris ayant servies de cobayes pour une dose après la radiation ont survécues plus longtemps, mais pas autant que celles qui avaient reçu la drogue préventivement - vaut mieux prévenir que guérir.

La drogue, toujours en développement, a incité Gudkov a créér sa propre compagnie, Cleveland Biolabs Inc. Il veut la commercialiser au plus vite, surtout en cas de catastrophe nucléaire ou de thérapies contre les cancers. Le Ministère de la Défense leur verse des subventions, comme bien d'autres intérêts privés.

* nuclear factor-KappaB


Malheureusement, aucune drogue ne pourra contrer la destruction massive d'une bombe H.



Publié le 2008-04-12 11:43:17
Auteur: Michaël Bertiaux