Pour des prix agricoles stables et équitables - La politique agricole doit préserver le rapport de force des agriculteurs, selon Marcel Groleau
QUÉBEC, le 23 nov. /CNW/ --
QUÉBEC, le 23 nov. /CNW Telbec/ - Le président de la Fédération des
producteurs de lait du Québec (FPLQ) s'adressait aux participants à
l'assemblée générale semi annuelle de la FPLQ à quelques semaines du
dépôt de la Politique agricole québécoise, annoncé pour la mi-décembre.
M. Groleau a indiqué que tant sur l'accréditation syndicale unique que
sur la mise en marché collective ou sur la sécurité du revenu, les
piliers fondamentaux du modèle québécois ne doivent pas être remis en
cause. « Nous sommes ouverts aux changements et nous reconnaissons que nos
modèles doivent continuer d'évoluer, mais les mécanismes qui préservent
le rapport de force des agriculteurs dans le marché doivent être
maintenus. Les principes fondamentaux de la mise en marché collective
et du syndicalisme agricole ne peuvent faire l'objet de concessions,
alors que nos partenaires en amont et en aval sont de plus en plus gros
et de plus en plus concentrés » a déclaré Marcel Groleau.
Dans le même ordre d'idée, M. Groleau exhorte les gouvernements du
Québec et du Canada à préserver notre modèle et à inclure le principe
de l'exception agricole dans les négociations commerciales
internationales, que ce soit avec l'Europe et l'Asie ou à
l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il indique que les
producteurs laitiers du Québec disposent d'outils efficaces pour
traverser les crises de volatilité des prix que subit la majorité des
agriculteurs et des producteurs de lait dans le monde et ce,
essentiellement grâce à la régulation de leur marché.
Les producteurs de lait d'ici peuvent vivre décemment du marché, sans
subventions, contrairement à leurs collègues américains et européens
qui ont dû être maintenus à flot par l'intervention massive de leurs
gouvernements. « Il n'y a jamais eu autant de réflexions sur la façon de réguler les
marchés agricoles, autant aux États-Unis, en Europe que dans le reste
du monde. Les Américains ont même discuté d'implanter une forme de
gestion l'offre lors de la récente crise économique. Certains leaders
commencent à tirer des leçons des récentes crises et reconnaissent que
notre système est une solution à l'instabilité chronique des marchés
agricoles, à la faiblesse et à l'insuffisance des revenus des
agriculteurs ainsi que pour assurer la sécurité alimentaire de leurs
populations. Nos gouvernements doivent faire le même constat » a plaidé Marcel Groleau.
M. Groleau cite également un récent rapport du Sénat australien qui
confirme les effets négatifs de la déréglementation du secteur laitier,
mise en place dans ce pays au début des années 2000. Cette
déréglementation est souvent citée comme modèle chez nous par les
partisans de la libéralisation du commerce agricole. Le rapport
recommande diverses mesures pour remédier à la chute du prix du lait à
la ferme, survenue notamment durant la crise alimentaire de 2008, ainsi
qu'au désavantage compétitif que provoque la grande concentration des
secteurs de la transformation et du commerce de détail. Le comité
propose, notamment, l'instauration d'un mécanisme de négociation
collective du prix du lait à la ferme, afin de rééquilibrer le rapport
de force entre les producteurs et les intermédiaires dans cette
négociation.
Les données les plus récentes des agences gouvernementales australiennes
montrent, en effet, que le prix à la ferme pour le lait a chuté de 35 %
après la déréglementation de 2000 alors que le prix de détail d'un
litre de lait augmentait de 37 % de 2000 à 2009. Au même moment,
l'indice du prix des produits laitiers a cru de 53 % en Australie
contre 36,2 % au Canada. Au trimestre de septembre 2010, le format de 2
litres de lait 2 % se vendait en moyenne 3,63 $ là-bas, contre 3,25 $
au Québec.
« Tout comme le secteur bancaire canadien, qui a traversé la crise
financière sans intervention gouvernementale, ni subvention, le secteur
laitier canadien traverse la crise laitière et agricole mondiale, et
ce, sans subvention. Autant pour le secteur financier et bancaire, la
nécessité d'une réglementation est démontrée » a conclu M. Groleau.
La Fédération des producteurs de lait du Québec représente les 13 500
producteurs et productrices de lait et les 6 300 fermes laitières de la
province. Les producteurs québécois livrent annuellement près de 3
milliards de litres de lait dont la vente totalise des recettes à la
ferme de plus de 2 milliards de dollars. La production laitière génère
au Québec quelque 61 000 emplois et plus de 3,6 milliards de dollars
d'activité économique.