MONTRÉAL, le 26 sept. 2024 /CNW/ - Face à l'entrée en vigueur des nouvelles restrictions portant sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), 52 organisations et groupes, communautaires, syndicaux, universitaires, étudiantes et de défense de droits, protestent contre les effets délétères des mesures prises à l'égard des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires. Car au lieu de rehausser l'accès aux droits fondamentaux et du travail des personnes migrantes et immigrantes, les mesures prises, récentes et depuis plus d'un an, pénalisent à chaque fois les victimes de ce système à plusieurs vitesses. Il est temps de le réformer pour l'axer sur les droits de la personne.
Les effets délétères du gel ou de la diminution des permis temporaires, quand ils restent « fermés »
Faute d'abolir le permis fermé, c'est-à-dire attaché à un employeur unique, situation dénoncée par le rapporteur de l'ONU comme ouvrant la porte à des formes contemporaines d'esclavage (rapport du 22 juillet 2024), toutes les mesures prises en cette rentrée pour gérer l'augmentation du nombre de travailleuses et travailleurs temporaires créent une situation encore plus propice aux abus de toutes sortes envers ces personnes.
Tout d'abord, elles vont grossir le flot des personnes sans papiers. Au-delà de montrer que c'est le système d'immigration qui est responsable de la perte de statut migratoire, elles illustrent un mépris de ces personnes réduites à des marchandises que l'on peut jeter, et ce d'autant plus que le programme de régularisation qui se dessine est en fait réduit à peau de chagrin.
Ces mesures aggravent la précarité des personnes entrées par le biais du PTET pour les postes à bas salaire. En effet, en perdant leur statut faute de pouvoir renouveler le permis fermé (par le gel de six mois sur Montréal décidé par Québec ou, du côté fédéral, par l'arrêt de l'admission dans certaines zones métropolitaines et la réduction du contingent de permis temporaires au sein d'un établissement), ces personnes pourtant déjà présentes sur le territoire ne sont pas censées rester au Canada ; or, nombre d'entre elles y vivent depuis plusieurs années, souvent avec leur famille.
Autre type de mesure, la réduction de la durée du permis fermé, de 2 ans à 1 an, met en péril la possibilité d'obtenir à temps un nouveau permis. Ensuite, pour celles et ceux, peu nombreux, qui avaient la possibilité de faire une démarche d'accès à la résidence permanente, l'espoir d'y parvenir s'envole compte tenu de la complexité des démarches à réaliser, qui prennent bien souvent plus d'un an.
Les personnes migrantes et immigrantes, boucs-émissaires de la remontée des taux de chômage
Ces mesures relèvent d'un choix politique hypocrite parce qu'elles ne sont pas destinées à décourager ceux parmi les employeurs qui recourent à tour de bras au travail temporaire, puis les jettent quand ils n'en ont plus besoin.
En revanche, elles pénalisent lourdement les travailleuses et travailleurs ayant un permis fermé, quel que soit le programme par lequel ils étaient entrés (autres volets du PTET ou des programmes de mobilité internationale), et même au-delà. En effet, d'autres personnes migrantes disposant d'un permis ouvert par définition temporaire perdent la possibilité de prolonger leur séjour en acceptant, comme on le voit régulièrement, un permis fermé.
Encore une fois, alors qu'elles en sont les premières victimes, les personnes migrantes se retrouvent donc montrées du doigt, cette fois comme « voleurs d'emploi » après « voleurs de logement » et « voleurs de garderie », pour cacher l'incohérence et la négligence discriminante des politiques. Elles servent ainsi de boucs-émissaires faciles car privées de voix collective.
Réformer en profondeur un système d'immigration alimentant précarité et vulnérabilité
Parce que ce système d'immigration est au fondement de discriminations systémiques, parce qu'il n'y a toujours pas de programme de régularisation digne de ce nom alors que les personnes migrantes perdent leur statut à cause de ce système à plusieurs vitesses, les groupes signataires demandent une réforme en profondeur pour fonder le processus d'immigration sur le respect des droits et sur la priorisation de l'accès à la résidence permanente. Dans l'immédiat, ils réclament de :
Citations
Ils veulent fermer les portes aux étrangers, aux migrants, alors qu'ils savent qu'ils ont besoin de cette main-d'oeuvre pour faire avancer le pays. Ce n'est pas juste. Il est vrai que les Québécois sont en colère contre les employeurs nationaux ou les entreprises qui embauchent des étrangers, mais ce qui se passe, c'est que beaucoup de jeunes ou de gens d'ici ne sont pas qualifiés pour faire ce travail parce qu'ils exigent beaucoup plus que ce que nous exigeons, alors nous devons nous contenter de ce que les employeurs nous donnent.... - Josefa, travailleuse migrante
Le gouvernement du Québec doit ouvrir les portes de l'immigration permanente de toute urgence aux travailleur?euse?s étranger?ère?s temporaires présents sur le territoire. Lorsque les besoins de main-d'oeuvre sont permanents, on doit permettre aux travailleur?euse?s qui le souhaitent de faire leur vie ici, comme résidents permanents et ultimement comme citoyens, pour qu'ils et elles puissent exercer pleinement leurs droits et contribuer à la vitalité de nos régions. - Dominic Lemieux, directeur québécois du Syndicat des Métallos
Tant de mesures restrictives ont été prises, et tant de messages politiques sont projetés depuis plus d'un an à l'encontre des personnes migrantes et immigrantes, pour décourager leur présence au Québec. Pour nous c'est incontestable: le gouvernement va dans la direction opposée à celle d'une société inclusive et encourage un recul vers la reconnaissance et l'exercice de leurs droits humains.. - Alexandre Petitclerc, président de la Ligue des droits et libertés
Appuyé par
SOURCE Campagne québécoise pour la régularisation des personnes sans statut migratoire
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