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La pauvreté au masculin, une réalité méconnue


QUÉBEC, le 11 déc. 2023 /CNW/ - Des chercheurs associés au Pôle d'expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes (PERSBEH) s'inquiètent des vulnérabilités particulières touchant les hommes en matière de pauvreté. Une réalité qu'ils estiment méconnue, ce qui, selon eux, freine la mise en oeuvre d'actions ciblées pourtant essentielles pour assurer le bien-être des familles, des communautés et de la société.

Le lien entre les inégalités de revenus et la santé sont bien documentés. Dans un mémoire présenté à la consultation publique en vue du quatrième plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté tenue en juin dernier, les chercheurs observent un écart de dix ans quant à l'espérance de vie en bonne santé des hommes québécois vivant dans les territoires les plus favorisés (78,3 ans), comparativement à ceux résidant dans les territoires les plus défavorisés (68,6 ans). Les hommes en situation de pauvreté seraient aussi plus à risque de décéder par accident, suicide, cirrhose ou homicide.

Les auteurs soulignent par ailleurs que si la proportion d'hommes vivant sous le seuil de la pauvreté reste inférieure à celle des femmes, des données publiques récentes montrent que l'écart entre les deux groupes suit une tendance à la baisse.

Trois groupes d'hommes prioritaires

Sans que ceux-ci soient exclusifs au regard de la littérature scientifique, trois groupes d'hommes apparaissent plus vulnérables aux yeux des auteurs et doivent faire l'objet de considérations prioritaires : les jeunes hommes, les hommes vivant seuls et les hommes vivant à la rue. 

En ce qui a trait aux jeunes hommes, ils cumulent différents facteurs de risque qui font en sorte, en cas de précarisation économique, qu'ils sont largement dépourvus, leur degré de résilience est plus faible et ils sont davantage susceptibles d'être affectés par un niveau de détresse psychologique élevé. Les auteurs sont particulièrement préoccupés par le taux de décrochage scolaire des garçons, une fois et demi plus élevé que celui des filles. Le taux de faible revenu est également plus élevé chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes.

Du côté des hommes vivant seuls, leur taux de faible revenu est deux fois et demi plus élevé que celui de l'ensemble des hommes. Les hommes vivant seuls sont d'autant plus à risque qu'en cas d'adversité, telle qu'une situation temporaire ou permanente de pauvreté, ils peuvent beaucoup moins compter sur un réseau de soutien social.

Enfin, les hommes représentent 89 % des personnes en situation d'itinérance de rue. Ces hommes sont particulièrement vulnérables face à certains facteurs de risques comme les problèmes liés à la consommation de substances psychoactives, à la pratique des jeux de hasard et d'argent, l'incarcération, les ruptures conjugales et les pertes d'emploi.

La socialisation masculine en cause?

Les normes associées à la masculinité traditionnelle, bien qu'en net recul, influencent le parcours de pauvreté de certains hommes selon certaines études récentes. Selon deux études menées par le professeur Jean-Yves Desgagnés, de l'UQAR, « le rôle de travailleur et de pourvoyeur, dans l'esprit de bien des hommes en situation de pauvreté, incite ceux-ci à garder leurs vulnérabilités pour eux, à enfouir leurs souffrances et rester à distance des sources d'aide et des services ». Même si plusieurs travaux évoquent un véritable changement de garde générationnel sur ce plan, des études réalisées en 2015 suggèrent que les jeunes hommes d'aujourd'hui ont les mêmes réticences que leurs aînés à consulter en cas de besoin d'aide.

« L'action auprès des hommes en matière de pauvreté est nécessaire, voire incontournable », affirme pour sa part Jacques Roy, sociologue et chercheur associé au PERSBEH. « Il faut que davantage de recherches soient produites afin de mieux comprendre les réalités des hommes en situation de pauvreté et mieux former les personnes intervenantes. Il est aussi souhaitable d'assurer une plus grande cohérence en matière de plans d'action ministériels en santé et services sociaux, en emploi et solidarité sociale et en éducation, ainsi que de mettre en oeuvre des stratégies et mesures préventives en matière d'itinérance », précise le chercheur.

À propos des organisations derrière la rédaction du mémoire

Le Pôle d'expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes (PERSBEH) se veut une référence dans la recherche liée à la santé et au bien-être des hommes. Il compte dans ses rangs des chercheurs à travers la province et est affilié à l'Université Laval.

Les partenaires communautaires qui ont collaboré à la rédaction du document sont tout aussi avisés en matière de réalités masculines. Le Regroupement provincial en santé et bien-être des hommes (RPSBEH) représente plus de 100 membres répartis à travers le Québec tandis que le Regroupement pour la Valorisation de la paternité (RVP) regroupe plus de 250 membres sur le territoire de la province. Ce sont des organisations implantées depuis 2011 en ce qui concerne le RPSBEH et depuis 1997 pour le RVP. Ainsi, elles cumulent plus de 350 membres, plusieurs années d'expérience et sont les spécialistes terrain de la santé et du bien-être des hommes et des pères au Québec.

Pour consulter la fiche-synthèse du mémoire ou le document dans son intégralité : https://www.rpsbeh.com/linvisible-pauvreteacute-chez-les-hommes.html

SOURCE Regroupement pour la Valorisation de la Paternité



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