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Action citoyenne : À qui appartient la Ville? Repenser le pouvoir citoyen et l'aménagement populaire


TIO'TIA:KE (MONTRÉAL), le 24 oct. 2021 /CNW Telbec/ - Une soixantaine de personnes issues de groupes communautaires et résidentes des quatre coins de la ville de Montréal se sont rassemblées hier pour faire la démonstration que des réponses citoyennes aux différentes crises urbaines sont possibles. En marche vers l'Hôtel de ville, elles ont déposé une déclaration commune et des revendications particulières pour soutenir des projets communautaires situés dans différents quartiers montréalais : le secteur industriel de Lachine-Est, le site de la Canada Malting à Saint-Henri, le secteur Dupuis-Hickson à Verdun, les terrains fédéraux du bassin Peel à Pointe-Saint-Charles, les anciens hôpitaux Hôtel-Dieu et Royal Victoria près de Milton-Park, le site Louvain à Ahuntsic, l'hôpital de la Miséricorde dans Ville-Marie ainsi que plusieurs autres encore !

L'aménagement communautaire est un outil de planification urbaine ancré dans les besoins des habitant.e.s des quartiers populaires montréalais. Aujourd'hui, ces groupes ont fait la démonstration que leur expertise citoyenne doit être prise en compte lors de l'élaboration des grandes orientations de développement dans leur territoire. Ce sont les premiers à subir les impacts des nouveaux développements, puisqu'ils habitent ces différents milieux de vie en constante transformation , explique Louise Constantin du Comité d'action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV).

De ce fait, les groupes communautaires montréalais proposent de développer de nouveaux milieux de vie à échelle humaine, intégrant une large part de logements sociaux, des mesures de verdissement plus soutenues, des locaux communautaires pour le besoin des organismes, des services de proximité et des équipements collectifs.

L'urgence d'agir face à la crise du logement, la crise climatique et la crise sanitaire nous mène à l'heure des choix. Les études démontrent que les Montréalaises et Montréalais situé.e.s dans les quartiers plus défavorisés sont deux fois plus touchés par les impacts négatifs de la pandémie que ne le sont ceux des milieux plus favorisés, notamment en termes de mortalité. Encore une fois, les données nous confirment que « la pauvreté aussi, ça rend malade », et que nous ne sommes pas tous sur un pied d'égalité, précise Cédric Glorioso-Deraiche de la CDC Action-Gardien de Pointe-Saint-Charles.

Pour permettre un rattrapage important, il faut revoir le concept de la mixité urbaine en soutenant les projets communautaires de façon prioritaire, puisqu'ils sont conçus en réponse à la gentrification accélérée des quartiers populaires et aux besoins des communautés locales. Les promoteurs immobiliers ont depuis longtemps démontré qu'ils privilégient la construction de communautés verticales pour les élites de notre société et qu'ils ne veulent pas contribuer au rééquilibrage social et fiscal nécessaire pour réduire les inégalités de revenus.

Même avec des tours de 20 étages et des logements spacieux pour les familles, les prix demeurent de plus en plus inabordables pour une grande part de la population montréalaise. Pas étonnant que le tiers des logements dans Griffintown soient toujours la propriété d'investissements étrangers ou de gestionnaires immobiliers sur des plateformes de location à court terme, déclare Inès Benessaiah du P.O.P.I.R - Comité Logement. Les terrains et bâtiments publics sont rares, les vestiges industriels et patrimoniaux le sont tout autant, mais les besoins eux sont immenses ! Les aspirant.e.s élu.e.s aux prochaines élections municipales doivent s'engager à soutenir les projets issus des communautés locales pour le bien des quartiers et des ménages plus défavorisés.

Déclaration commune - À qui appartient la Ville ?
Pourquoi notre société s'est-elle fragmentée, laissant au passage des quartiers fragilisés ? Comment se fait-il que tant de quartiers aient perdu leur sens de la communauté ? Et pourquoi tant de gens ont-ils perdu leur sentiment d'être ?

Pour y répondre, nous devons nous pencher sur l'urbanisation et la densification excessive des villes globales, fortement centralisés, basés sur des économies capitalistes fondées sur le profit, la cupidité, la consommation et la croissance.

À cette tendance s'oppose la force des besoins sociaux naturels de tout être humain: le besoin d'interactions, d'avoir un voisinage bienveillant et de vivre en communauté. Sans oublier les droits humains garantis par la Déclaration universelle des droits de l'homme : le droit à la vie, le droit à la libre circulation des personnes, le droit au logement, le droit à une alimentation saine, le droit à la sécurité sociale, le droit à la dignité, et d'autres encore.

Le territoire et le logement sont les deux piliers les plus importants de toute société - et un besoin humain fondamental. Ces deux piliers ont longtemps servi de moteur économique principal pour le développement de milieux de vie inclusifs. Ils sont une source de sécurité et de stabilité majeure ! Dans ce contexte, notre épanouissement individuel et collectif est incontestablement lié à l'aménagement de notre territoire et l'accès au logement.

Toutefois, un héritage historique d'éviction et d'exclusion restreint l'accès aux territoires et aux logements, par le contrôle de la propriété privée. Cet héritage crée un contexte instable fragilisant la capacité des ménages montréalais de se loger dans nos quartiers. Les excès de l'appropriation privée, de la spéculation foncière et de la recherche de profits incontrôlée ont créé un capitalisme de marché qui alimente l'exclusion sociale des personnes les plus précaires de notre société.

Les administrations municipales, affaiblies par leur dépendance à l'égard de l'impôt foncier, alimentent ce cycle apparemment perpétuel sans courage politique pour le briser. Le résultat est une concentration croissante de la richesse et de la propriété privée.

Devant ces menaces, nous devons répondre au besoin urgent de développement communautaire et économique, en se basant sur des politiques sociales liées au territoire et au logement, qui aideront à créer des économies plus inclusives, participatives et écologiques.

Et c'est d'ici qu'émane la démocratie ! Communauté et démocratie sont des entités indissociables. La communauté ne peut être séparée de son quartier et celle-ci doit se matérialisée sur le territoire, par l'accès au logement, l'entraide et la solidarité sociale.

Chaque quartier, chaque communauté se doit d'avoir une authentique expression populaire démocratique, tel que les assemblées citoyennes. La constitution d'assemblées citoyennes permettant le développement d'une véritable culture politique et sociale de prise de décisions en faveur des intérêts collectifs.

Les enjeux de développement sont grands, mais les solutions locales sont à portée de main. Divers projets communautaires ont été réfléchis à l'échelle des quartiers montréalais par le réseau des Tables de quartier et des collectifs locaux impliquant une participation citoyenne. L'élément commun dans ces projets ? La capacité des groupes locaux à se prendre en charge et à développer des projets ancrés localement et en réponse aux besoins du quartier.

Tout ce qu'il leur manque, c'est la volonté politique de leurs élu.es municipaux à les soutenir dans leurs démarches lors de toutes les étapes de la planification de projet. Des expériences de cogestion ont vu le jour dernièrement, mais elles ne sont pas suffisantes pour répondre aux attentes de collaboration soutenue pour tous les quartiers montréalais et aux besoins d'autonomie des groupes locaux.

La fondation d'une société démocratique et égalitaire requiert des communautés basées sur des relations sociales réinventées, entre personnes âgées et jeunes, femmes et hommes, les personnes issues de la diversité dans toutes ses sphères, mais aussi et surtout, sur la définition d'un équilibre entre ville et nature.

Le futur se trouve d'ores et déjà en nous; et il nous appartient.
À nous les quartiers !

* Déclaration inspirée de la Déclaration de Montréal issue de la conférence internationale « À nous les quartiers ».

SOURCE Action-Gardien, Corporation de développement communautaire de Pointe-Saint-Charles


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