Le Lézard
Sujets : Première Nation, Plaidoyer (politique)

Projet d'exportation d'hydroélectricité vers les État-Unis - Hydro-Québec vend la peau de l'ours avant de l'avoir tué


KITCISAKIK, QC, le 19 janv. 2021 /CNW Telbec/ - Encore une fois Hydro-Québec a crié victoire trop tôt dans le dossier de la ligne de transport d'électricité devant transiter par l'État du Maine vers le Massachussetts. Dans son communiqué daté du vendredi 15 janvier 2021, la société d'État annonce en effet que « Le département fédéral de l'Énergie (US-DOE) a accordé le permis présidentiel au projet de ligne de transport New England Clean Energy Connect (NECEC). Toutes les autorisations réglementaires nécessaires à la réalisation du projet ont donc été obtenues aux États-Unis » peut-on y lire.

NUANCE! Ce même vendredi 15 janvier 2021, la Cour d'appel des États-Unis émettait une injonction pour bloquer le début des travaux. Cette injonction au eu pour effet de suspendre l'application du permis présidentiel. Hydro-Québec a bien pris soin de ne pas publiciser ce déboire. La société d'État a aussi oublié de mentionner qu'un référendum doit se tenir dans le Maine en 2021, avec pour objectif avoué de bloquer le projet.

Rien ne va plus!
Suite aux démarches de la coalition de nos cinq Premières Nations de Pessamit, Wemotaci, Pikogan, Lac Simon et Kitcisakik, effectuées en collaboration avec celles de nos alliés américains des milieux politiques et environnementalistes, les opposants au projet d'Hydro-Québec sont maintenant largement majoritaires dans l'État du Maine. S'ils gagnent le référendum, Hydro-Québec va voir s'effondrer son rêve d'exportation massive vers le Massachussetts. La société d'État ne pourra alors continuer de bafouer impunément les droits constitutionnels des Innus, des Atikamekw et des Anishnabeg d'où est produit illégitimement 36 % de l'électricité en cause et dont les territoires continuent d'être saccagés.

Le mensonge « systémique »
« Ce n'est pas la première fois qu'Hydro-Québec prend ses désirs pour des réalités, affirme Régis Pénosway, chef des Anishnabeg de Kitcisakik. Déjà en 2016, elle faisait de semblables affirmations dans le cas de la ligne Northern Pass devant transiter par le New Hampshire vers le Massachussetts. Mais suite à nos pressions et à celles de nos alliés américains, elle a dû reculer et le projet s'est effondré. Concernant son projet actuel, Hydro-Québec avait déjà, en 2020, vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué et elle remet ça encore une fois en 2021 avec de nouvelles déclarations fallacieuses reprises intégralement par les grands médias québécois. Tout récemment, la société d'État a annoncé son intention d'exporter de l'électricité vers New-York et nul doute qu'elle voudra agir de la même façon que dans les cas précités. Mais elle devra à nouveau faire face à notre opposition.»

Des demi-vérités
Le communiqué d'Hydro-Québec affirme que de ce côté-ci de la frontière, « ... les évaluations réglementaires se poursuivent concernant la ligne des Appalaches-Maine. Le projet de ligne de transport a jusqu'à maintenant obtenu les approbations de la Régie de l'énergie du Québec et de la Commission de protection du territoire agricole du Québec ». Le communiqué oublie cependant de mentionner que le projet d'exportation n'est ni approuvé par le gouvernement du Québec, ni par le gouvernement du Canada. La coalition de nos cinq Premières Nations a formellement avisé la Régie de l'énergie du Canada de son opposition à ce projet. En vertu de nos droits constitutionnels reconnus par la Régie, nous sommes activement impliqués dans l'étude du dossier qui se poursuivra jusqu'au printemps 2021.

Les vraies affaires
Hydro-Québec mène depuis des décennies une lutte malhonnête et répréhensible qui va à l'encontre des droits constitutionnels de nos Premières Nations et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le premier ministre François Legault doit reconnaître la réalité du racisme systémique et s'engager dans une démarche de réconciliation. Tant et aussi longtemps qu'il s'entêtera à envisager l'avenir de sa société d'État sans consulter nos Premières Nations, sans obtenir leur consentement, sans compensations et sans partenariats avec elles, les projets d'Hydro-Québec vers les États-Unis seront voués à l'échec. Il est temps de parler des vraies affaires!

SOURCE Coalition Innu-Atikamekw-Anishnabeg



Communiqué envoyé le et diffusé par :