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Rémunération des médecins : des critères de comparaison économiques pour amorcer la réflexion


MONTRÉAL, le 5 sept. 2019 /CNW Telbec/ - Après avoir investi pendant plusieurs années pour effectuer un rattrapage de la rémunération des médecins québécois, voilà que les plus récentes données de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) indiquent que cet objectif est atteint et même dépassé dans le cas des généralistes. Lorsqu'on tient compte de la charge de travail (avec la mesure des équivalents temps plein - ETP), le revenu des omnipraticiens québécois excède celui de leurs confrères ontariens et de la moyenne canadienne. Dans le cas des spécialistes québécois, leurs revenus dépassent ceux de leurs homologues de l'Ontario et équivalent à ceux de leurs vis-à-vis canadiens.

Paiement moyen par médecin ETP, 2016-2017 (en milliers de $ par médecin) (Groupe CNW/Institut du Quebec)

« Bien que ces données doivent être interprétées avec prudence en raison des difficultés à comparer les différents systèmes de santé, elles confirment l'impression souvent exprimée que le rattrapage salarial des médecins québécois a non seulement été atteint, mais qu'il a même été dépassé, particulièrement dans le cas des généralistes. », soulève Alain Dubuc, professeur associé à HEC Montréal et auteur de l'étude La rémunération des médecins : une approche économique, publiée aujourd'hui.  

Cinq critères économiques pour analyser la rémunération des médecins  

Il n'existe pas, à l'heure actuelle, de balises claires pour guider l'État dans l'établissement d'une rémunération juste et équitable pour les médecins. Il semble donc important que le gouvernement québécois et ses partenaires du monde médical définissent des critères clairs et transparents qui pourront encadrer l'établissement de cette rémunération. Le rapport publié aujourd'hui propose cinq critères d'analyse qui permettraient d'établir un niveau de revenu adéquat pour les médecins québécois :

  1. Se comparer avec les rémunérations consenties ailleurs dans le monde. Cet exercice montre que le Canada se classe parmi le petit groupe de pays industrialisés où le revenu des médecins (généralistes et spécialistes) est le plus élevé. Par extension, le Québec se retrouve donc également dans le peloton de tête.
  2. Dans une perspective d'équité, comparer les revenus des médecins à ceux de la population et des autres professionnels de la santé. L'écart des revenus des médecins québécois avec les salaires moyens dépasse l'écart observé en général au Canada. De plus, l'écart de salaires face au personnel en soins infirmiers s'avère le plus élevé au Canada.
  3. Tenir compte du contexte économique qui reflète la capacité de payer, et de l'écart de richesse entre le Québec et le reste du Canada (ROC). Selon les diverses mesures de richesse retenues pour les fins de cette analyse, en 2016-2017, les médecins généralistes québécois auraient touché entre 52 000 $ à 88 000 $ de plus que si leur rémunération avait été déterminée en fonction de la capacité de payer et du niveau de richesse des Québécois. Dans le cas des spécialistes, le montant payé en trop se situerait entre 38 000 $ et 85 000 $.
  4. Évaluer la productivité, la qualité et la quantité des services que les médecins devraient produire en échange de leur rémunération. Les données les plus récentes dont nous disposons montrent que la prestation des médecins québécois est inférieure à celle de la moyenne canadienne en ce qui a trait au coût des services unitaires et au nombre de services.
  5. Situer la place de la rémunération des médecins au sein des politiques de santé. L'analyse montre que si la hausse de la rémunération médicale a augmenté la part des paiements aux médecins dans l'ensemble des dépenses de santé, cette proportion reste à un niveau comparable à celle de plusieurs autres provinces canadiennes et que cela n'a pas mené à une perte de contrôle des dépenses publiques.

Ainsi, les décideurs gouvernementaux pourraient s'inspirer de ces critères économiques pour prendre des décisions plus éclairées face à la rémunération des médecins québécois. Ils disposeraient d'arguments de négociation plus objectifs pour modifier les modes de rémunération et la pratique médicale.

Les calculs effectués dans le cadre de cette étude permettent de mesurer la réduction de l'enveloppe monétaire destinée aux médecins résultant d'une prise en compte des écarts de richesse collective. Si le gouvernement du Québec choisissait de rétablir l'équilibre par une récupération salariale, celle-ci devrait porter davantage sur les généralistes. L'étude ne propose cependant pas cette avenue et privilégie davantage des mécanismes de correction comme un gel ou une croissance très lente des rémunérations, ainsi que des réaménagements des enveloppes salariales permettant à l'État d'obtenir une meilleure prestation de services pour les sommes consenties.

Alain Dubuc agit aussi à titre de conseiller stratégique à l'Institut du Québec (IDQ). Dans le cadre de ces fonctions, il se prononce sur des enjeux de politiques publiques et les analyse.  

À propos de l'Institut du Québec

Issu d'un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l'Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. http://www.institutduquebec.ca

SOURCE Institut du Quebec


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