Le Lézard
Sujets : Enfance, Femme

Des élèves créent une culture du consentement, une conversation à la fois


Comment les écoles de l'Ontario peuvent tracer les limites pour mettre fin à la violence à caractère sexuel

White Ribbon

TORONTO, le 10 déc. 2018 /CNW/ - L'an dernier, dans la classe de 4e et 5e année d'Arianna Lambert, tout a commencé par une conversation portant sur les câlins. « Nous avons parlé de la raison pour laquelle il faut demander à l'avance la permission à la personne, s'est-elle souvenue. Cela a poussé les élèves à réfléchir au fait que nous avons une incidence sur la façon dont notre entourage se sent lorsque nous nous approchons trop. »

Des conversations comme celle-ci, adaptées à l'âge, sont menées dans de nombreuses classes en Ontario. Elles représentent un point de départ important pour créer une culture du consentement. En d'autres mots, une culture où l'on reconnaît que chacun est toujours le meilleur juge de ses propres souhaits et besoins -- qu'il s'agisse d'un câlin, d'activités sexuelles ou de quoi que ce soit d'autre -- et une culture dans laquelle le consentement est normalisé et où l'on en fait la promotion.1

White Ribbon -- Le plus grand mouvement d'hommes et de garçons au monde oeuvrant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles -- comprend que les discussions sur le consentement et les relations saines dans les salles de classe sont essentielles pour éliminer les attitudes et comportements qui alimentent la violence sexuelle. De plus, il ne suffit pas de créer une culture dans laquelle les personnes ne commettent pas de violence à caractère sexuel ou ne l'encouragent pas. Pour régler ce problème répandu, nous devons tous apprendre à être des témoins actifs, en intervenant de façon sécuritaire et efficace lorsque nous sommes témoins de situations de violence à caractère sexuel. C'est dans ce contexte que le document Traçons les limites à l'égard de la violence à caractère sexuel -- Un guide à l'intention des enseignantes et des enseignants de l'Ontario peut aider.

Les écoles sont bien placées pour contribuer à mettre fin à la violence à caractère sexuel.

Une Canadienne sur trois subira une forme d'agression sexuelle au cours de sa vie 2 -- et les jeunes femmes sont particulièrement à risque. Les jeunes filles de 12 à 17 ans sont huit fois plus susceptibles que les garçons d'être victimes d'agression sexuelle ou d'un autre type de crime à caractère sexuel.3 De leur côté, les filles autochtones, les jeunes LGBTQ, ainsi que les femmes et les filles handicapées courent un risque encore plus grand d'être victimes d'agression à caractère sexuel.4

Puisqu'ils ont un accès inégalé aux jeunes de tous les milieux, les enseignants jouent un rôle important pour aider les élèves à apprendre à reconnaître la violence à caractère sexuel et à y réagir. Cela dit, il peut être intimidant d'aborder des sujets comme la violence à caractère sexuel et le consentement.

« Lorsque j'ai entendu parler de ce sujet pour la première fois, j'étais un peu inquiet, dit Sean Lambert, enseignant au Conseil scolaire du district de Toronto et collaborateur à la rédaction du guide. Par contre, une fois que j'ai rencontré l'équipe et que j'ai appris que nous bénéficierions du soutien du mouvement White Ribbon, j'ai compris qu'il s'agirait d'un travail bien fait. »

Traçons-les-limites permet de mener ouvertement des discussions sur la violence à caractère sexuel.

Traçons-les-limites est une campagne d'éducation des témoins créée par l'organisme Ontario Coalition of Rape Crisis Centres et l'Action ontarienne contre la violence faite aux femmes qui, plus tard, a établi un partenariat avec White Ribbon. La campagne suscite des discussions sur la violence à caractère sexuel dans nos collectivités et elle propose des stratégies dont les témoins peuvent se servir de façon sécuritaire et efficace.

En 2016, le mouvement White Ribbon a constaté qu'il était nécessaire que des ressources en milieu scolaire soient offertes sur ce sujet et, grâce à une collaboration avec des éducateurs de l'Ontario, il a élaboré des outils pour aider les enseignants à favoriser la capacité de la prochaine génération à gérer des relations saines, à comprendre la notion de consentement et à prévenir la violence à caractère sexuel. Depuis, plus de 5 000 exemplaires du guide (qui est offert en français et en anglais) ont été distribués.

Cette ressource aide les élèves à se préparer à des situations réelles.

Les guides Traçons-les-limites destinés aux enseignants s'articulent autour d'un ensemble de cartes et d'affiches qui présentent aux élèves des scénarios inspirés de faits réels et adaptés à leur âge en lien avec la violence à caractère sexuel. Par exemple :

Ta camarade de classe te dit qu'une personne regarde les enfants jouer dans la cour d'école à chaque récréation. Le dis-tu à quelqu'un? (Élémentaire)

et

Ton tuteur t'envoie des photos d'une personne nue que tu connais. Les partages-tu? (Secondaire)

Les élèves discutent de la façon dont ils pourraient réagir à la situation, alors que les enseignants leur présentent les plans de leçon, qui correspondent aux attentes du programme éducatif de l'Ontario. « C'est beaucoup plus personnel que si une ressource disait quelque chose comme "Voici trois conseils..." », affirme Arianna.

Selon Grace Guillaume, une étudiante de première année à l'Université de Guelph qui a fait du bénévolat auprès de White Ribbon, il s'agit également d'une excellente façon de s'entraîner pour les imprévus. « Lorsque vous vous retrouvez dans une situation dans laquelle vous voulez intervenir, vous êtes souvent pris de court, explique-t-elle. Vous doutez de vous-même. Par contre, grâce à ces différents exemples de scénarios possibles, vous pouvez penser à ce que vous feriez et devriez faire. Lors d'une situation réelle, vous avez alors moins de réflexion à faire. Vous pouvez repérer la situation plus facilement et, même s'il n'existe pas qu'une seule bonne façon d'y réagir, vous avez déjà une idée de ce que vous pouvez faire. »

« J'aime bien le fait qu'il y a aussi des récits et des liens vers des vidéos sur des sujets comme la cyberintimidation, ajoute Arianna. Ils aident les élèves à comprendre ces situations et à les appliquer à leur propre vie. »

Cette ressource peut contribuer à autre chose que des discussions en classe.

Certaines écoles et certains élèves se sont servis de la campagne de façon créative. « L'an dernier, nous avons créé un spectacle intitulé My Being, indique Emily Guitar, une élève de 12e année à l'Etobicoke School of the Arts. Il s'agit d'un spectacle interdisciplinaire où nous discutons de la culture du viol, tout particulièrement en ce qui concerne les jeunes. Le spectacle comprenait 50 artistes et 20 artistes visuels. »

Le groupe, mené par des élèves, a conçu son spectacle en se servant des ressources de Traçons-les-limites. Il a offert deux spectacles, auxquels 400 personnes ont assisté, et les élèves prévoient organiser un spectacle semblable l'an prochain. « L'an dernier, nous avons discuté de l'aspect relatif à la collectivité dans son ensemble. Cette année, nous prévoyons parler de la façon dont nous pourrions diminuer les cas de violence à caractère sexuel sans justifier les gestes des agresseurs », explique Emily.

Arianna reconnaît également les avantages potentiels de diffuser les messages de la ressource Traçons-les-limites à l'extérieur des salles de classe. « Je crois que des clubs (scolaires) pourraient être une façon très efficace d'y parvenir, dit-elle. Ils pourraient permettre d'élargir la conversation dans une école sans que les enseignants y participent nécessairement. »

Les alliés de sexe masculin sont essentiels.

Les guides de ressources comprennent également une section sur la façon de susciter la participation des témoins de sexe masculin -- un élément qui se trouve au coeur de la vision de White Ribbon pour mettre fin à la violence à caractère sexuel. Jusqu'à tout récemment, les initiatives d'éducation étaient surtout axées sur la façon dont les femmes peuvent se protéger plutôt que sur la façon dont les hommes peuvent faire partie de la solution.

 « Tout au long de l'histoire, les gens ont considéré que la violence à caractère sexuel était un problème féminin, dit Grace. Cela crée un contexte où les hommes n'examinent pas leurs gestes ou leurs réactions face à la violence à caractère sexuel. »

« Je crois que lorsque les hommes et les garçons participent, cela fait une énorme différence », affirme Emily. Elle explique que lorsque c'est le cas, on n'a plus l'impression qu'il s'agit uniquement d'un problème qui touche les femmes, mais d'un problème qui nous touche tous et toutes.

Lorsque les deux sexes font partie de la solution, nous en bénéficions tous. Des collectivités plus sûres et des relations plus saines ne sont que le début. Lorsque les hommes et les garçons deviennent des alliés pour mettre fin à la violence à caractère sexuel, ils peuvent aussi acquérir une conscience de soi plus saine et non violente -- ce qui peut donner lieu à une plus grande capacité à identifier et exprimer leurs émotions, à une diminution des comportements de prise de risques et même à une meilleure santé mentale.5

Comment pouvez-vous amorcer une conversation à votre école?

 « Avant de rédiger la ressource, j'avais l'impression de ne pas avoir l'expertise nécessaire. Je n'aurais pas su par où commencer, avoue Sean. Les enseignants ont besoin de bonnes ressources et de beaucoup de bons renseignements. »

Même si l'édition actuelle de la campagne Traçons-les-limites de White Ribbon pour les écoles élémentaires et secondaires tire à sa fin, les guides Traçons les limites à l'égard de la violence à caractère sexuel peuvent être téléchargés gratuitement sur le site de White Ribbon. De plus, des modules en ligne visant à soutenir les enseignants dans leur utilisation des guides seront offerts ce mois-ci. White Ribbon continue d'offrir des ateliers destinés aux enseignants et aux élèves.

Il est également important de se rappeler qu'avec le soutien nécessaire, tout enseignant peut faire usage du matériel. « Mon erreur consistait à me dire que je n'enseignais pas la santé, dit Arianna. Tous les enseignants pourraient se servir de ces activités. Elles ne doivent pas nécessairement avoir lieu lors de cours sur la santé. »

Surtout, gardez à l'esprit qu'en demandant des renseignements et du soutien, vous pouvez vous sentir plus à l'aise avec ce sujet. Cela permettra également aux élèves de se sentir plus à l'aise. « À titre d'enseignant, mon travail consiste à veiller à ce que tous soient à l'aise de mener ces discussions, dit Sean. Si je peux y parvenir, le tabou s'atténue. »

Lorsqu'un sujet comme la violence à caractère sexuel devient moins tabou, l'empathie à l'égard des victimes augmente, les gens commencent à devenir plus responsables de leurs gestes et réactions et de grands changements peuvent être mis en oeuvre. « Le seul fait d'avoir des occasions de mener des discussions à ce sujet changera des vies, sauvera des vies et apportera des changements à notre société », conclut Sean.

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La campagne White Ribbon est le plus grand mouvement d'hommes et de garçons au monde visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles, à promouvoir de saines relations et l'égalité entre les sexes et à faire valoir une nouvelle conception de la masculinité. Depuis 1991, White Ribbon demande aux hommes de porter un ruban blanc, une promesse de ne jamais commettre de violence envers les femmes et les filles, de ne jamais l'encourager ou la passer sous silence.

www.whiteribbon.ca/francais.html

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1 http://www.tll.whiteribbon.ca/guide-elementaire p. 133

2 http://www.women.gov.on.ca/owd/french/ending-violence/sexual_violence.shtml

3 http://www.women.gov.on.ca/owd/french/ending-violence/sexual_violence.shtml

4 https://www.canadianwomen.org/fr/les-faits/les-agressions-sexuelles/

5 http://www.whiteribbon.com/elementary-guide pp. 23 et 24

 

SOURCE White Ribbon Campaign



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