Le Lézard
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Sujets : Sondages, Opinions et Recheches, Femme

Le plafond de verre de la santé cardiaque féminine est bien réel, et nous devons en venir à bout - Bulletin du coeur 2018 de Coeur + AVC


- Les femmes sont victimes d'un système mal équipé pour diagnostiquer, traiter et soutenir leur santé cardiaque -

OTTAWA, le 1er févr. 2018 /CNW/ - Au pays, les femmes sont trop nombreuses à souffrir des maladies du coeur - et à en mourir - à cause des inégalités et des idées préconçues sur lesquelles repose un système mal équipé pour diagnostiquer, traiter et soutenir leur santé cardiaque.

Beth Luhowy (Groupe CNW/Fondation des maladies du coeur et de l'AVC)

« Les maladies du coeur sont la cause principale de décès prématuré chez les femmes au pays. Néanmoins, le coeur de la femme fait encore l'objet de bien des méprises, déplore Yves Savoie, chef national de la direction de Coeur + AVC. Il est scandaleux de constater que nous commençons tout juste à comprendre le fonctionnement du coeur des femmes et de voir le temps qu'il faut pour que les connaissances parviennent à leur chevet. »

Le Bulletin du coeur 2018 de Coeur + AVC, publié aujourd'hui, se penche sur les raisons pour lesquelles nous avons encore du mal à démêler et à mettre en oeuvre les nouvelles connaissances sur les maladies du coeur chez les femmes.

Or, une triste réalité est mise en lumière :

« Les femmes atteintes de maladies du coeur sont sous-représentées dans les travaux de recherche; ces maladies sont mal diagnostiquées et traitées chez elles; ces dernières reçoivent un faible soutien à leur rétablissement; et elles ne sont pas conscientes de leur risque. Il est urgent de remédier à ces lacunes, dénonce M. Savoie. C'est inacceptable, et les choses doivent changer : le temps est venu de briser le plafond de verre. »

Laissées pour compte par le système

Pendant des décennies, la recherche s'est presque exclusivement intéressée à la santé des hommes. L'hypothèse était qu'une solution devait convenir à tous également : l'information tirée des études a donc servi de base aux lignes directrices cliniques, aux procédures diagnostiques et aux traitements qui, encore aujourd'hui, sont employés à grande échelle chez les deux sexes, peu importe leur genre. Or, les statistiques révèlent de sérieuses lacunes :

Il se peut que les traitements normalisés soient moins adaptés et plus risqués pour les femmes qui reçoivent un diagnostic de maladie du coeur. Elles sont moins susceptibles de recevoir les soins d'un cardiologue ou d'être aiguillées vers les traitements dont elles ont besoin. Et pour les femmes autochtones qui vivent dans une réserve, la situation est encore pire étant donné le manque de ressources dans les hôpitaux des régions rurales ou éloignées.

Par ailleurs, comparativement aux hommes, les femmes se font moins recommander de suivre un programme de réadaptation cardiaque par leur médecin et sont deux fois moins portées à suivre et à achever un tel programme. « Dans le cadre de nos travaux, nous avons remarqué que les médecins semblent croire que les femmes profitent moins de la réadaptation que les hommes, affirme la Dre Sherry Grace, chercheuse subventionnée par Coeur + AVC, professeure à l'Université York et maître de recherche à l'Institut de réadaptation de Toronto. Par ailleurs, un médecin sur trois n'était pas même conscient de ses idées préconçues fondées sur le genre. »

Les femmes sont différentes, et leur coeur aussi

« Il existe plusieurs différences importantes, irréfutables et encore très peu comprises entre le coeur des femmes et celui des hommes, affirme la Dre Karin Humphries, directrice scientifique du Centre for Improved Cardiovascular Health de la Colombie-Britannique. Les types de maladies du coeur peuvent grandement différer chez les hommes et les femmes, et donc nécessiter une démarche particulière de diagnostic et de traitement. »

Le risque de certaines d'entre elles est encore plus grand. La coronaropathie, une affection susceptible de causer une crise cardiaque, est responsable du taux de mortalité de 53 % plus élevé chez les Autochtones que chez les autres femmes. Les femmes d'origine sud-asiatique, chinoise et afrocaribéenne connaissent des taux plus élevés de maladies du coeur et des résultats inférieurs en santé.

Malgré tout, les études révèlent que même si neuf femmes sur dix présentent au moins un facteur de risque, la plupart d'entre elles sous-estiment leur risque. Ainsi, plus de la moitié des femmes qui ont un risque élevé pensent que ce dernier est faible ou modéré.

Un nouveau sondage commandé par Coeur + AVC et réalisé auprès de 2 000 Canadiennes révèle que ces dernières ont peu de connaissances sur la santé et un niveau élevé de comportements nuisibles à la santé, qui accentuent leur risque. Malgré cela, seulement 20 % d'entre elles ont affirmé parler régulièrement à leur médecin de la santé de leur coeur. Les connaissances en matière de santé cardiaque étaient particulièrement faibles chez les jeunes, les minorités visibles et les Québécoises.

Même si 69 % des répondantes ont affirmé que l'idée de faire une crise cardiaque leur fait peur :

Ce qui doit être fait

Selon M. Savoie, « cette situation est la conséquence regrettable d'un ensemble complexe de facteurs, notamment la façon dont la société mène la recherche en santé, le temps nécessaire pour faire progresser les connaissances scientifiques, les idées préconçues fondées sur le genre et le sexe, et la tendance des femmes à prendre soin des autres avant elles-mêmes.

Ce retard doit être rattrapé de toute urgence, ajoute-t-il. En tant que pays, nous devons changer le fait que deux tiers des études cliniques sur les maladies du coeur portent sur les hommes seulement. »

M. Savoie fait remarquer que tous doivent faire front commun :

Même si le plafond de verre de la santé du coeur des femmes est encore bien réel, il y a une lueur d'espoir :

« Des progrès ont été réalisés récemment, mais ils ne sont pas encore assez grands pour combler l'écart et protéger le coeur des femmes autant que celui des hommes, indique M. Savoie. Le défi consiste à accélérer le rythme du changement pour acquérir et mettre en pratique de nouvelles connaissances pour créer des soins cardiaques encore meilleurs et plus sécuritaires pour elles. »

Coeur + AVC s'est donné pour mission d'agir pour améliorer la santé du coeur des femmes :

« Le bulletin ne montre personne du doigt. Il est plutôt axé sur les solutions possibles si les chercheurs, les bailleurs de fonds, les professionnels et les dirigeants du système de santé, les gouvernements, et les organismes comme Coeur + AVC se serrent les coudes pour transformer la santé cardiaque des femmes », explique M. Savoie.

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Une femme raconte son faux diagnostic

En promenant son chien dans un sentier près de chez elle à Kamloops, en Colombie-Britannique, Nancy Bradley a ressenti de la douleur à la poitrine, au bras et à la mâchoire. Elle était alors persuadée que son heure était venue. Elle reconnaissait très bien les signes d'une crise cardiaque : son père, son frère cadet et deux soeurs aînées avaient tous souffert de crises cardiaques et d'angines de poitrine. « Mes symptômes étaient identiques à ceux de mon frère. J'avais beaucoup de difficulté à respirer, et mes jambes avaient tout simplement cessé de fonctionner. »

Elle a été surprise du diagnostic de l'urgentologue : il lui a dit qu'elle avait souffert d'un grave brûlement d'estomac. « Je lui ai répondu que ça ne ressemblait pas à ça. Quelque chose n'allait pas avec mon coeur. » Pourtant, les analyses sanguines et l'électrocardiogramme de Nancy ne montraient rien d'anormal, et elle est rentrée chez elle à contrecoeur. Au cours des deux semaines suivantes, quand la douleur revenait, elle prenait des antiacides.

La douleur l'a violemment envahie peu de temps après. Au service des urgences, une échographie a révélé qu'elle faisait une crise cardiaque et que son coeur était irrémédiablement endommagé : il battait anormalement, et une artère gauche était bloquée à 95 %. On lui a alors posé une endoprothèse pour ouvrir son artère. Pour lire la suite de l'histoire de Nancy, cliquez ici.

Citations

« La science a pris beaucoup trop de temps à reconnaître les différences qui existent entre les sexes et les genres en matière de maladies du coeur, et encore trop de temps à corriger cette erreur. » - Dr Ed O'Brien, vice-président du conseil consultatif de l'Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada, et professeur de sciences cardiaques à l'Université de Calgary

« Les lacunes face au sexe et au genre ont déjà causé la mort d'un trop grand nombre de femmes. » - Dre Karin Humphries, directrice scientifique du Centre for Improved Cardiovascular Health de la Colombie-Britannique

« Les médecins cherchent parfois d'autres causes aux symptômes des femmes sans d'abord faire les tests nécessaires pour être certains qu'elles n'ont pas de problème cardiaque. Cette façon de procéder n'est peut-être pas intentionnelle, mais puisque les soins offerts aux hommes s'en distinguent, c'est le signe qu'il existe encore des préjugés systémiques. » - Dre Tara Sedlak, directrice du centre de santé féminine Leslie Diamond, à Vancouver

« Dans bien des cas, les femmes n'accordent pas la priorité à leur propre santé. C'était clairement le cas de ma mère. Après son décès, nous avons trouvé dans son portefeuille un bout de papier où elle avait noté quelques-uns des symptômes qu'elle avait. Elle ne nous en avait jamais parlé. » - Joannie Rochette, athlète olympique canadienne en patinage artistique

« J'invite les femmes à persévérer. Vous connaissez votre corps; faites confiance à votre instinct. À bien y penser, j'aurais dû insister auprès de l'urgentologue à ma première visite à l'hôpital. Je savais que quelque chose n'allait pas avec mon coeur. J'en étais sûre. » - Nancy Bradley, renvoyée chez elle après s'être rendue à l'hôpital pour des symptômes de crise cardiaque

Lisez le Bulletin du coeur 2018 de Coeur + AVC : coeuretavc.ca/bulletinducoeur

* Le sondage et la recherche qualitative sur la santé des femmes au Canada ont été menés par Intensions Consulting du 23 au 29 juin 2017. Au total, 2 000 Canadiennes de 19 ans et plus ont participé à un sondage en ligne d'une durée de 14 minutes. Les résultats ont été stratifiés afin de refléter la répartition de la population canadienne selon l'âge et la province, et selon les données du recensement de 2016. La marge d'erreur des résultats est de +/- 2,2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Coeur + AVC

La vie. Ne passez pas à côté. C'est pour cette raison que Coeur + AVC mène la lutte contre les maladies du coeur et l'AVC. Nous devons propulser les prochaines découvertes médicales afin que les gens au pays ne passent pas à côté de moments précieux. Ensemble, nous prévenons les maladies, préservons la vie et favorisons le rétablissement grâce à la recherche, la promotion de la santé et des politiques publiques. coeuretavc.ca

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SOURCE Fondation des maladies du coeur et de l'AVC


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