La GRC baisse les bras face au piratage

Le monde virtuel se divise en deux clans. D’un côté, il y a ceux qui condamnent le piratage et cherchent à l’éradiquer coûte que coûte. De l’autre, ceux qui pensent au contraire que le téléchargement libre est une évolution inévitable dans le domaine de la diffusion de la musique, avec laquelle artistes et industrie devront désormais apprendre à composer. La GRC donne raison à ces derniers en annonçant qu’elle ne luttera plus contre le piratage.



De plus en plus nombreuses sont les études qui démontrent que le téléchargement illégal n’est pas aussi nuisible pour les artistes que les quatre principales maisons de disques veulent le faire croire. Dans une récente enquête préparée pour le compte d’Industrie Canada, deux chercheuses anglaises démontent les arguments avancés jusqu’ici par les détracteurs des réseaux d’échange de fichiers en notant ceci : « notre analyse de la sous-population des Canadiens pratiquant le partage de fichiers poste-à-poste donne à penser qu’il existe une forte relation positive entre le partage de fichiers poste-à-poste et l’achat de CD. De fait, parmi les Canadiens qui s’y adonnent, le partage de fichiers poste-à-poste stimule l’achat de CD.»

D’autre part, moult musiciens en viennent eux-mêmes à critiquer avec véhémence les procès menés en leur nom contre des internautes jugés coupables d’avoir téléchargé quelques chansons. D’autres, bien loin de crier au vol de leur oeuvre, vont même jusqu’à défendre les réseaux P2P qui leur permettent de se faire connaître bien plus largement que ne sauraient le faire les méthodes légales de diffusion de la musique.

Ainsi, Fred Vidalenc, ancien bassiste du groupe de rock français Noir Désir, qui s’est lancé dans une carrière en solo, déclarait récemment ceci pour un webzine francophone : « je suis entièrement pour le téléchargement le plus débridé possible. Dans mon cas, c’est une formidable opportunité. En solo, je dois vendre peut-être 4000 albums. Donc, l’ouverture qui se crée grâce à Internet est extraordinaire. Alors, n’hésitez surtout pas! Par contre, il y a un truc qui pourrait être rigolo. On se pose souvent la question : combien de fois a-t-on été téléchargé? Combien de gens nous ont écouté ainsi? Avant, quand ça ne circulait que par disques, on le savait, ça nous donnait un renseignement précieux pour notre propre satisfaction. Alors, je ne sais pas, il y aurait peut-être un truc à faire de ce côté-là. Par exemple, quand un internaute télécharge notre album, il pourrait nous envoyer un mot pour nous souhaiter notre anniversaire, nous dire « Tiens, je t’ai téléchargé. » Ça pourrait être une sorte de code. Comme ça on saurait qu’on a été téléchargé tant de fois, ça fait toujours plaisir… »

La clairvoyance d’un nombre de plus en plus grandissant de musiciens, premiers concernés, ainsi que les études prouvant que l’industrie du disque fait fausse route en se battant bec et ongles contre ses propres clients finiront-elles par imposer le téléchargement illégal comme le moyen de promotion des artistes le plus révolutionnaire? Dans un article du Devoir publié ce jeudi 8 novembre, nous apprenons que la GRC a décidé de baisser les bras devant la tâche magistrale que représente le combat contre le piratage pour usage personnel. Ce qui donne à penser que l’inévitable mort d’un mode de diffusion de la musique inadapté à notre ère virtuelle finira par se produire enfin. Pour laisser place à l'évolution logique. Le roi est mort, vive le roi!