Le Lézard

Sale temps pour l'industrie du disque!


Radiohead décide de faire cavalier seul et de se passer de la filière de distribution traditionnelle. Prince offrait déjà gratuitement son album. La RIAA se heurte encore à l’animosité des internautes après avoir intenté un procès insensé à l’une des leurs pour 24 fichiers téléchargés. Et le géant Yahoo! ajoute sa pierre à l’édifice de démolissage des DRM. Qui aura la peau de l’industrie du disque?



La RIAA espère que le cas de Jammie Thomas, condamnée récemment à payer une lourde amende pour avoir téléchargé et partagé une vingtaine de MP3, servira d’exemple et portera un rude coup au piratage. C’est toutefois peut-être l’inverse qui se produira. Jammie a fait appel, et lance une collecte de fonds pour faire face à une éventuelle défaite. Les internautes, sensibles aux déboires de la jeune femme, mais aussi craintifs du poids qu’un jugement final favorable à la RIAA pourrait avoir sur l’avenir d’Internet, se mobilisent pour empêcher Goliath de triompher contre David. Jusqu’à présent, la collecte a rapporté plus de 10 000 dollars à Jammie, et un soutien fort évocateur qui devrait faire réfléchir l’attaquant.

Le 5 octobre dernier, le vice-président du développement des produits chez Yahoo! Music signifiait à l’industrie du disque qu’elle ne devrait pas compter sur son aide pour redorer son blason. Ian Rogers ne mâchait pas ses mots lors de la conférence Digital Music Forum West qui se donnait à Los Angeles. Il fustigeait l’industrie, l’accusant d’avoir perdu huit précieuses années et des sommes colossales pour mettre des bâtons dans les roues des consommateurs, alors qu’il les enjoignait lui-même à commercialiser tout simplement la musique sous forme de MP3 débridés dès 1999. Le succès que rencontre actuellement Amazon MP3, qui fait la nique aux DRM depuis quelques semaines, démontre fort bien la faisabilité du projet. Mais il est peut-être trop tard… L’aveuglement, la trop longue passivité, puis l’agressivité de l’industrie ont ancré chez les internautes des habitudes et un sentiment si négatif envers elle qu’il est assurément utopique d’espérer ramener globalement la communauté virtuelle sur le chemin de la légalité.

Si les maisons de disques refusent toujours de sortir de leur torpeur, les musiciens se montrent généralement bien plus clairvoyants. Loin d’approuver la stratégie d’attaque de l’industrie, ils sont plusieurs à préférer offrir leur musique, privant ainsi la RIAA et ses consoeurs de leur argument le plus fort : mener bataille au nom et pour le bien des artistes. Moult d’entre eux disent préférer de loin le piratage à l’indifférence. Le groupe américain The Brian Jonestown Massacre offre ainsi à ses fans de télécharger légalement et entièrement gratuitement l’intégralité de sa discographie.

De notre côté de la frontière, des musiciens aussi renommés qu’Avril Lavigne, Sarah McLachlan et Randy Bachman sont membres d’une alliance qui se prononce contre les poursuites intentées aux internautes et contre les serrures numériques qu’ils disent risquées et improductives. Leur message est clair : « Jusqu’à maintenant, un groupe de maisons d’enregistrement multinationales a surtout pris la parole concernant les besoins des artistes canadiens en matière du droit d’auteur. Les sociétés d’enregistrement et les éditeurs de musique ne sont pas nos ennemis, mais soyons clairs. Les agentes et les agents des principales maisons d’enregistrement agissent pour le compte de leurs actionnaires; ils parlent rarement au nom des artistes canadiens. Les propositions législatives visant à faciliter les poursuites judiciaires contre nos partisanes et nos partisans ou à augmenter le contrôle qu’exercent les maisons d’enregistrement sur la jouissance de la musique ne sont pas faites en nos noms, mais bien au nom des succursales mères étrangères des maisons d’enregistrement. »

Ainsi donc, d’un côté, autant sur le sol nord-américain qu’en Europe, les procès menés contre les internautes se multiplient, et les discours visant à contrer le piratage se font de plus en plus virulents. De l’autre côté, lentement mais sûrement, ceux que l’industrie du disque prétend vouloir défendre se dissocient d’elle et cherchent des moyens de distribution de la musique plus viables et équitables en cette ère numérique où il est impératif d’apprendre à regarder loin devant, d’anticiper. Ce à quoi l’industrie du divertissement se refuse toujours…

Publié le 15/10/2007 à 14h28 par Béatrice André



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