Le Lézard

Prince offre son nouvel album gratuitement


L’industrie du disque se heurte depuis longtemps à l’animosité des consommateurs qui lui reprochent son manque de clairvoyance et sa trop grande rigidité. Si le téléchargement illégal la fait sérieusement vaciller, les artistes qu’elle représente sont de plus en plus nombreux à se braquer contre elle. Prince vient peut-être de lui asséner le coup qui aura définitivement raison d’elle…



Rien ne va plus pour l’industrie musicale. Nombre de magasins de disques réduisent substantiellement l’espace consacré à la vente de CD en arguant que le piratage est responsable de la mort programmée du support physique. Certaines statistiques sérieuses tendent pourtant à prouver que c’est plutôt l’intérêt des consommateurs pour les DVD musicaux et les plateformes de téléchargement légal qui en est la cause, même si la commercialisation de la musique numérique n’a malheureusement pas connu l’expansion qui aurait pu sortir du marasme l’industrie en raison de l’ajout fort contesté des DRM, de la piètre qualité sonore des fichiers proposés et de leur prix trop élevé.

Malgré leurs indubitables erreurs, les ténors de l’industrie de la musique ne sont toujours pas prêts à tirer les leçons qui s’imposent et continuent de tenir un discours qui laisse les consommateurs autant perplexes que peu désireux de faire un pas réconciliateur vers eux. Ainsi, dans le dernier numéro du magazine français Rock&Folk notamment, trois porte-parole des maisons de disques s’entendaient pour conclure que le prix des CD ne sera pas revu à la baisse tant que le piratage n’en sera pas au niveau zéro, ce qui démontre une certaine incompréhension du sujet tant rayer le téléchargement illégal de la carte virtuelle relève de l’utopie.

Jusqu’à présent, les artistes se divisaient en deux clans qui s’exprimaient sans faire trop de vagues. Celui des musiciens qui défendent leur maison de disques et se prononcent ouvertement contre la licence globale initialement proposée par la France, pour les DRM et contre le piratage. Et celui qui se constituait des artistes qui pensent dans le sens contraire et pestent plutôt contre l’aveuglement de l’industrie et les mesures répressives qu’elle prend envers les internautes.

Rares cependant sont les musiciens qui osent défier l’industrie jusqu’à risquer de se la mettre définitivement à dos. Si Manu Chao faisait preuve récemment d’une belle initiative en offrant le premier extrait de son nouvel album gratuitement sur son site, il avait toutefois l’accord de sa maison de disques pour faire ce cadeau à son public.

Prince va beaucoup plus loin et provoque l’ire des disquaires anglais en décidant d’offrir son nouveau CD aux deux millions de lecteurs du quotidien Mail on Sunday. L’album complet, comprenant les 10 chansons et la pochette, sera distribué gratuitement le 15 juillet prochain avec le journal. Il devrait ne pas être vendu dans les magasins anglais. Prince offrira de plus son plus récent opus à toute personne qui viendra le voir en concert.

L’initiative de l’artiste fera assurément couler beaucoup d’encre dans les jours à venir. Les magasins de disques du monde entier s’affolent et sont déjà nombreux à avoir résilié le contrat qui les liait au chanteur à l’aube de la sortie de l’album. Le plus inquiétant pour l’industrie reste toutefois le message qu’un tel geste peut véhiculer auprès d’autres musiciens influents qui pourraient à leur tour s’élever avec éclat contre leur maison de disques. Surtout si l’apparent coup de gueule de Prince lui apporte sur un plateau d’argent une publicité mondiale bien plus efficace que celle des méthodes de promotion connues jusqu’ici…

Publié le 04/07/2007 à 06h00 par Béatrice André



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