L'ordinateur moderne doit être fiable, rapide, peu bruyant et, surtout, occuper un espace restreint. Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. En retournant dans le temps, c’est-à-dire en 1946, on découvre l'ENIAC (Electronic Numerical Integrator And Computer), un véritable colosse pas très pratique mais, tout de même, le premier ordinateur entièrement électronique.
L'ENIAC a vu le jour lorsque l'armée américaine a décidé de financer le projet du professeur de physique John William Mauchly, qui avait remarqué que les centaines de calculs réalisés par les analystes de tables de tir, en temps de guerre, pourraient être faits par une machine.
D'abord connu sous le nom de « Project PX », l'ENIAC deviendra le premier ordinateur entièrement électronique reprogrammable, ce qui en fait l’ancêtre des ordinateurs d’aujourd’hui. Pas très performant, le premier ordinateur ne pouvait que générer 10 000 additions simples ou près de 357 multiplications ou 38 divisions à la seconde.
L’ENIAC étonne avec son physique plutôt imposant : il occupe une place d’environ 167 mètres carrés pour un poids de 30 tonnes à l’Université de Pennsylvanie où il repose depuis sa fabrication. L’ordinateur géant contient une quantité étonnante de matériel savamment répertorié : 70 000 résistances, 1 500 relais, 7 200 diodes à cristal, 17 000 tubes à vide, 10 000 condensateurs et environ 5 millions de joints, tous soudés à la main individuellement. D’ailleurs, il fallait refaire le câblage à chaque fois que l’on devait installer un nouveau programme et, en plus, des dizaines de tubes à vide devaient être changés à chaque jour.
Avec tous ces ajustements, qu’on devait faire périodiquement, l’ENIAC n’a été fonctionnel que la moitié de sa vie d'utilisation, son record de temps d’activité restera à jamais de 116 heures consécutives. Cette machine deviendra l'un des piliers importants de l'histoire de l'informatique. On arrêta son utilisation en octobre 1955 pour laisser place à des machines plus petites et plus performantes, dont l’EDSAC, un proche cousin.
Par Marc-Antoine Charette