Lors des récentes élections canadiennes qui ont ont concédé la victoire aux conservateurs, une expérience d’un nouveau type de détecteur de mensonge a été tentée avec les principaux candidats, soit le premier ministre sortant Paul Martin et ses rivaux, Stephen Harper et Jack Layton. Un ordinateur équipé d’un nouvel algorithme a analysé grammaticalement les discours des principaux candidats prononcés lors de la campagne électorale.
Concrètement, l’élaboration de cette méthode est basée sur un modèle psychologique conçu par le professeur James Pennebaker de l’université d’Austin au Texas. Il avait pour ce faire analysé différents sujets au cours d’expériences précédentes et en a conclu que les menteurs utilisaient beaucoup les pronoms personnels comme
I,
we,
me ou
us ainsi que des termes négatifs comme
however (cependant) et
unless (à moins que). Ces marqueurs textuels seraient l'équivalent inconscient des réactions physiques typiques attribuables au geste de mentir.
David Skillicorn, de l'Université Queen's en Ontario, a ensuite créé l'algorithme. Pour parfaire sa création, il a ensuite étudié, grâce à la méthode de Pennebaker ainsi traduite, les différents courriels échangés par les dirigeants de l’entreprise Enron avant que le scandale n’éclate. C'est après qu'il a décidé de l'utiliser pour faire une étude de cas lors des élections canadiennes, la politique étant un milieu assez célèbre pour les promesses en l’air et les petits mensonges.
En étudiant les discours de nos politiciens selon l’emploi de 88 mots-clés et des pronoms personnels, l’ordinateur a analysé la fréquence d'utilisation de ces modèles; ils ont été employés 124 fois par le candidat Martin, 73 fois par Harper et 88 fois par Layton. Il apparaît donc que le candidat qui aurait le moins menti ait été élu par les Canadiens.
Toutefois, selon Skillicorn, l’algorithme est toujours en cours de perfectionnement et n’est donc pas finalisé, et on trouvera sûrement autres choses lors des prochains tests. Gageons que le jour où cette formule sera au point, les politiciens devront apprendre à manier un nouveau langage en plus de constamment parfaire leur langage non verbal, car sans son lot de belles promesses, un candidat a rarement été élu.