Le Lézard

Entrevue avec Samuelle Ducrocq-Henry


Une dimension souvent oubliée des jeux vidéo est celle de l'effort physique demandé lors de parties, surtout en situation de compétition. Lors du festival Arcadia, Samuelle Ducrocq-Henry a placé des senseurs sur deux participants du match qui a opposé l'équipe d'Ubisoft aux FragDolls dans le jeu Rainbow Six: Lockdown. Les deux cobayes, un homme et une femme, ont donné des résultats significatifs qui ont intéressé Mme Ducrocq-Henry. Nous l'avons interviewée suite à cette partie pour en savoir davantage à propos de ses recherches et de ses intérêts.



Québec Micro : Quel est votre métier?

Samuelle Ducrocq-Henry : Je suis professeur en théories et pratiques du multimédia et des NTIC à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Je me penche particulièrement sur les répercussions physiques qu'ont les jeux vidéo sur les individus.

Québec Micro : Qu'avez-vous remarqué dans la partie qui s'est jouée entre les FragDolls et l'équipe d'Ubisoft?

Samuelle Ducrocq-Henry : L'amplitude de stress était moins élevée probablement parce qu'il n'y avait pas d'aspect financier à la partie, de prix. C'était très amical, ce qui fait en sorte que le stress demeure à un niveau assez stable. Par contre, la participante des FragDolls qui avait un senseur a atteint un sommet de 180 battements à la minute, probablement lorsqu'elle a réalisé qu'elle allait perdre la partie. De tels battements ne sont pas rares dans de telles compétitions : ils se situent bien souvent au-dessus de la barre des 200 battements à la minute et peuvent provoquer de l'apnée pendant plusieurs secondes.

Québec Micro : Pourrait-on qualifier les jeux vidéo au même titre que des sports?

Samuelle Ducrocq-Henry : En fait, je crois que les jeux vidéo pourraient redéfinir le sport tel qu'on le connaît aujourd'hui. Un jeu vidéo comporte le meilleur des jeux d'échec au niveau de la réflexion et de la concentration, du tir à l'arc en ce qui a a trait à la précision, de l'automobile pour le stress et de la musique, puisque dans les deux cas on doit se servir d'instruments pour obtenir un résultat.

Québec Micro : Quel est l'événement le plus prestigieux auquel vous avez eu la chance de participer en tant que chercheuse?

Samuelle Ducrocq-Henry : La Electronic Sports World Cup en Europe, c'était en 2003. Il y avait plus de 150 000 euros à gagner, ce qui était énorme à l'époque. Aujourd'hui, ces montants dépassent bien souvent la barre des 300 000 euros. Cette compétition oppose des joueurs de plus de 39 pays différents et c'était très spectaculaire d'y être, puisqu'elle attire annuellement des centaines de professionnels des jeux vidéo.

Québec Micro : Croyez-vous à des Olympiques des jeux vidéo?

Samuelle Ducrocq-Henry : Il pourrait plutôt y avoir une discipline spécifique réservée aux performances de joueurs de jeux vidéo aux Olympiques, mais je ne pense pas que des Olympiques réservées sur ces jeux à part entière soient envisageables. Ils pourraient être reconnus comme un sport connexe aux olympiques actuels.

Québec Micro : Êtes-vous joueuse? Si oui, nommez-nous un de vos jeux favoris.

Samuelle Ducrocq-Henry : J'aime bien Warcraft III pour son esthétique raffinée et son aspect stratégique. C'est un jeu très beau qui me plaît beaucoup.

Québec Micro : Merci de votre temps.

Publié le 08/11/2005 à 09h40 par Michaël Bertiaux



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