Le soja grignote l’Amazonie

La déforestation de l’Amazonie se poursuit à un rythme soutenu. Les observations satellites sont formelles et les différents acteurs se rejettent la responsabilité de ce massacre végétal. À quand la vache comme bouc émissaire? Après tout, elle choisit de manger le soja cultivé à la place de la forêt vierge…



Les records de déforestation s’améliorent d’année en année au Brésil. Pour 2003, c’est près de 23 750 kilomètres carrés de forêt tropicale qui sont partis en fumée. Les observations satellites montrent une réalité plus dramatique que les estimations effectuées en 2001 et 2002.

Mais le légendaire optimisme brésilien veille. Le ministre de l’Environnement, Marina Silva annonçait en effet que les nouveaux chiffres étaient une bonne nouvelle, puisque le pourcentage d’augmentation de déforestation tendait à diminuer. Ouf! On respire. Ce qui n’empêche pas les associations de défense de l’environnement de trouver ces chiffres tout à fait désastreux.

Les critères économiques dominent une fois de plus la situation. Le principal responsable de la déforestation est le soja, cultivé de manière intensive pour nourrir les animaux d’élevage. Et le Brésil est en passe de devenir un des premiers exportateurs bovins au monde. Car depuis l’apparition du syndrome de la vache folle, les zones protégées de ce fléau sont devenues le poumon de ce secteur économique. C’est le cas du Brésil, qui bénéficie d’une forte demande dans ce domaine. La demande augmente la production bovine, qui repose sur la culture du soja, elle-même dévastatrice pour la forêt amazonienne. De là à rendre la vache responsable des malheurs du Brésil…

Depuis 1970, l’Amazonie a perdu 16,3% de sa superficie, ce qui rend les parties toujours vierges encore plus précieuses et utiles. Dans un pays où un tiers de la population vit avec moins de 1 $US par jour et où l’autorité de l’état ne peut s’étendre par manque de moyen ou de volonté sur les immenses forêts amazoniennes, il semble délicat de se prononcer sur un retournement de la situation écologique à court, voire à moyen terme.