Alors que Bombardier a été contrainte de diminuer le nombre de ses usines en Europe et d'abolir des emplois devant la baisse des carnets de commandes pour certaines de ses divisions, elle est à l’heure des choix en ce qui concerne l’avenir de sa division aéronautique.
La dynamique cyclique du transport aérien oblige les constructeurs d’avions à devenir plus agressifs et à prendre des décisions rapides quand vient le temps de se commettre dans l’investissement de la recherche et du développement de nouveaux produits. L’entreprise de Montréal se retrouve à la croisée des chemins et devra prendre une décision d’ici 12 mois sur la possibilité d’injecter 2 milliards de dollars dans la conception d’un nouveau jet pour passagers. Présentement troisième plus grand fabricant d’avions au monde, Bombardier pourrait perdre cette envieuse position au profit de son rival Brésilien la Empresa de Brasileira de Aeronautica SA (Embraer).
C’est qu’Embraer vient d’entrer dans la niche fort lucrative des jets régionaux de 100 places et plus. La récession terminée et les attentats du World Trade Center derrière l’industrie, il n’y a plus de tracas qui pourraient freiner l’élan actuel que connaît la reprise soutenue des vols de passagers à travers le monde. Cette demande, que l’on croit soutenable pour les prochaines années, exige des jets offrant plus de places à meilleurs coûts et concurrençant les frais d’opérations des vieux appareils.
Bombardier se doit donc de répondre rapidement en investissant dans ce nouveau type de jets régionaux, un segment qui ne laissera probablement plus de place aux fleurons de Bombardier Aéronautique, les fameux JR à 50, 70 et 86 places. Le transport aérien étant une industrie capricieuse dont le cycle de vie des produits est court, certains craignent que Bombardier manque le bateau alors qu’Embraer vient d’entrer dans ce segment de marché en satisfaisant à la nouvelle demande par la vente de 100 Embraer ERJ-190 de 100 sièges et plus à la compagnie aérienne JetBlue Airways Corp. .
Le développement de nouveaux modèles d’avions est très dispendieux et est largement subventionné par les gouvernements à travers le monde, privilège dont Bombardier aéronautique a déjà grandement bénéficié au Canada.