Alors que la crise du disque touche les acteurs économiques, le bouc émissaire du vilain pirate MP3 arrange bien du monde. Mais les temps changent, et des modèles de sortie de crise sans paranoïa technologique voient le jour.
« Le téléchargement gratuit de musique est interdit, illégal, et même de la piraterie ». Cette déclaration du patron de la SACEM, Bernard Millet, permet de se rendre compte à quel point les ténors de l’industrie du disque racontent n’importe quoi. Désemparés face à la baisse du chiffre d’affaire des ventes de disque, l’ennemi tout désigné, c’est le P2P. Oui mais voilà, Rodolphe Buet, directeur de la section disque à la Fnac, un des plus grand distributeur de produits culturels en France, lance un pavé dans la mare : « Le marché du disque va mal, notamment à cause du téléchargement illégal, mais il y a d'autres raisons qui expliquent sa baisse et qui font qu'il va encore baisser en 2004».
Voici en quelques points les éléments évoqués dans par Rodolphe Buet :
• Les chiffres de vente pour l’année 2003 se placent en quatrième position des meilleures ventes de disque. Certes, on n’est pas dans l’année de la performance, mais ce n’est pas la crise non plus.
• « L’accès à la musique et l’envie de musique sont toujours forts ». Pour preuve, les concerts qui remplissent les salles de spectacle, et aussi des scènes nationales qui croissent avec des artistes nationaux de plus en plus présents.
Sur les causes réelles de la baisse des ventes de CD :
• Le produit a vieilli. Et comme tout produit qui ne se renouvelle pas, il perd des parts de marché.
• De plus, la fluctuation des prix de vente modifie le comportement des acheteurs qui raisonnent à long terme en sachant que les promotions arriveront seulement quelques mois après la sortie d’un CD. « Et les prix varient de un à trois ».
• Les clients préfèrent investir dans le livre et la vidéo (+6% et +18,8% en 2003). De plus, une partie de la clientèle, jeune, reporte une partie de son budget musical vers la téléphonie mobile.
Autant d’éléments qui rendent moins évidents la corrélation entre le P2P et la stagnation des ventes de disque. Le groupe Fnac semble se diriger vers la vente en ligne de musique, un peu à l’image de Archambault, qui vend désormais les morceaux à l’unité sur son site Web pour 1$.