Selon l’analyste financier Frank Gillett, « le lien entre Microsoft et Linux n'est pas aussi fort qu'il voudrait le laisser paraître. Il serait idiot pour Microsoft de faire quelque chose qui laisserait des personnes les blâmer pour d’éventuels problèmes dans le futur.» Mais la question pour Microsoft est vraiment de savoir jusqu’à quel point ils sont prêts à aller avant que cette nouvelle concurrence n'endommage l’image de Microsoft, déjà passablement malmenée par la décision européenne de mercredi dernier.
C’est la fuite d’un mémo interne provenant de la boîte de consultant SCO Group qui laisse à penser que Microsoft pourrait être derrière les tentatives récentes de SCO pour miner l’utilisation de Linux faite par ses concurrents, entre autres Novell et IBM qui en novembre 2003 ont annoncé une alliance stratégique par l’achat de SUSE. Le mémo a alimenté depuis le début mars les théories conspiratoires selon lesquelles Microsoft donnerait des munitions à SCO dans sa bataille légale pour faire reconnaître ses droits de propriété intellectuelle sur le code source de la plate-forme d’opération Linux.
Il faut comprendre que SCO a bénéficié des largesses de Microsoft. Depuis le début de la saga SCO-IBM, ceux-ci ont reçu plus de 86 millions de dollars américains et devraient à court terme faire le plein d’un 16 à 20 millions supplémentaires. C’est que SCO a intenté l’automne dernier une série de poursuites judiciares dont les factures pourraient totaliser plus de 5 millards de dollars américains pour les fautifs, si reconnus coupables.
Microsoft craignant que les récentes alliances de IBM et Novell menacent sa domination sur le monde informatique, il est dans son intérêt de s’intéresser à la technologie de ses compétiteurs. Mais jusqu’où Microsoft peut aller avant d’y perdre son âme ou ses clients?