Depuis le milieu des années 90, on parle de mettre en vente des vêtements technologiques, mais personne n’en a encore acheté dans sa boutique favorite. Pourquoi? Parce que la part de marché est faible et que ce type de vêtements est cher à produire. Cependant, ces vêtements intéressent certains domaines, notamment le domaine militaire, les sports extrêmes, les arts de la scène et la mode haut de gamme.
Il existe pourtant des modèles intéressants. Un designer inspiré par l’idée de tels vêtements, Olivier Lapidus, a même déposé plusieurs brevets pour les inventions technologiques que sont certaines de ses créations, dont le premier «blouson communiquant» avec un téléphone intégré dans la manche, créé en 1996. Élisabeth de Senneville utilise quant à elle des tissus hologrammes et s’apprête à lancer une collection de vêtements «intelligents» pour enfants qui s’appellera «Clever Cloth». Il y aura une quarantaine de modèles : des vêtements anti-UV, sonores ou même «ardoise» qui permettront aux enfants de dessiner les motifs qu’ils désirent sur leur vêtement avec une craie et de l’effacer à l’éponge lorsqu’ils n’en veulent plus.
D’autres s’intéressent à la «micro-encapsulation» pour faire des vêtements odorants. Des capsules insérées dans les vêtements contiennent des produits chimiques qui libèrent une odeur en se dégradant. La designer Adeline André a créé à partir de ce principe la «Scent Organ», une robe aromathérapeutique équipée de tuyaux verticaux qui diffuse des odeurs d'herbe fraîchement coupée, de thym, ou de lavande. Elle a été présentée en septembre dernier lors d’un défilé à l’Université de Birmingham. Le problème de ce genre de vêtement est bien évidemment l’impossibilité de le laver.
Autre création technologique : les tissus en dioxyde de carbone qui résistent aux taches. Voilà comment cela fonctionne; le dioxyde de carbone contenu dans le vêtement a une grande force catalytique, plus forte au soleil, ce qui transforme les hydrocarbures et autres impuretés en eau ou en gaz carbonique ce qui pourrait permettre à un vêtement blanc de le rester éternellement.
Ce type de vêtement n’est ni abordable, ni accessible. Il faudrait que les pièces technologiques du vêtement soient détachables pour qu’un vêtement se vende bien, car la technologie va plus vite que la mode et personne ne voudrait d’un vêtement qui ne vaudrait plus rien technologiquement au bout d’un court laps de temps. Ensuite, il y a l’aspect mobilité qui est difficile, car depuis l’invention du nylon en 1938, tous les vêtements ont pour but d’être confortables et suffisamment mobiles pour qu’une personne puisse faire tout ce qu’elle veut sans être restreinte par ses vêtements. Or, comment faire pour se pencher avec une robe traversée de tuyaux? Les vêtements technologiques resteront encore difficiles d’accès et ne se retrouveront pas dans notre boutique favorite d’ici peu, mais c’est tout de même une belle folie à faire!