Le cinéma numérique prend son envol

Même si très peu de films sont présentement en format numérique pour permettre leur diffusion dans des salles de cinéma, plusieurs pays d'Europe et d'Asie investissent des milliers de dollars pour équiper leurs salles de projecteurs numériques.



La plupart des productions provenant d'Hollywood sont encore en format 35 mm pour permettre la projection sur grand écran. À l'heure actuelle, seulement Walt Disney et Warner Bros. ont produit des films entièrement numérique, comme "Le monde de Nemo" (Disney/Pixar) et "Le dernier samouraï" (Warner Bros.). Les studios hésitent à produire qu'en format numérique; ils attendent qu'un standard soit établi et qu'une protection contre le piratage soit plus efficace.

L'Inde, la Suède, la Grande-Bretagne et la Chine sont en train de prendre une longueur d'avance sur les États-Unis dans ce domaine. Par exemple, en Grande-Bretagne, le nombre de salles équipées d'un projecteur numérique devrait doubler dans les douze prochains mois pour atteindre 400. À Hong Kong, c'est pas moins de 20 salles par mois qui seront ainsi rééquipées. L'investissement est majeur, mais les économies qu'il engendre sont intéressantes.

Une salle de cinéma doit dépenser des milliers de dollars pour être en mesure d'obtenir un film à succès le jour de sa sortie. Elle doit donc le diffuser à grande fréquence pour le rentabiliser et ensuite retourner les bobines. Avec une copie numérique, elle ne serait plus tenue de respecter les échéanciers des grands studios. De plus, la transmission des copies est très pratique; satellite, fibre optique ou disque de haute capacité lui permettraient d'offrir un film en première mondiale très aisément. Une copie numérique pourrait être expédiée rapidement par satellite ou fibre optique à la salle, être stockée sur son serveur et tout cela pour moins de 20$. La diffusion du film pourrait donc s'étendre sur plusieurs semaines et ainsi offrir une plus grande diversité de films à l'affiche en même temps.

Cela ouvrirait également la porte aux producteurs indépendants et amateurs. Un film sous format numérique coûte beaucoup moins cher à produire que sous format 35 mm. Leurs création pourraient donc se retrouver facilement sur des écrans de cinéma qui eux, ne seront plus autant stressés par le seuil de rentabilité et la diffusion fréquente des films à succès.

"L'image numérique est plus lumineuse, plus fine, les couleurs sont plus vives et l'image est un peu plus stable," explique Patrick von Sychowski, analyste chez Screen Digest, un cabinet d'études britannique spécialisé dans les médias. En effet, les ordinateurs stockants les films numériques sont reliés à des projecteurs numériques dont la puce permet d'afficher 35 000 milliards de nuances de couleurs.

L'équipement pour projeter en numérique coûte cependant 125 000$ pour le projecteur et le serveur dédié. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le prix d'entrée est en baisse au fur et à mesure que les salles de cinéma projettant en numérique se multiplient. Reste maintenant à savoir quand les studios hollywoodiens embarqueront dans le bateau.

Microsoft a d'ailleurs annoncé cet automne vouloir prendre sa place dans les salles de cinéma en projettant des films sous format Windows Media Player.