Le Lézard
Sujet : Avis de décès

Décès de Paul Hébert - Un pilier du théâtre nous quitte...


MONTRÉAL, le 24 avril 2017 /CNW Telbec/ - Dur printemps pour l'Union des artistes qui perd un autre de ses piliers, Paul Hébert, décédé à 92 ans, jeudi, le 20 avril, soit presque un mois après le décès de Benoît Girard et de Janine Sutto. L'UDA offre ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à la grande famille artistique, en particulier les artistes qui l'ont côtoyé, notamment ses collègues et amis du Théâtre Le Trident, dont il a été le premier directeur artistique, de 1971 à 1978.

Pour Sophie Prégent, présidente de l'Union des artistes, « Paul Hébert est le père du théâtre à Québec et j'oserais même dire l'un des pères du théâtre du Québec tout entier. Selon elle, Paul Hébert « a su promouvoir un théâtre de prestige qui rejoignait le public. Il s'est fait le fervent promoteur d'une dramaturgie nord-américaine, alors qu'à l'époque on jouait les classiques français. Avec Paul Hébert, le public a enfin accès à un théâtre qui lui parle. »

C'est d'ailleurs avec de la tristesse dans la voix que Jack Robitaille, deuxième vice-président de l'Union des artistes et acteur ayant joué avec Paul Hébert dans Don Quichotte, a dit : « Je perds en quelque sorte mon père. » Comme il le déclarait en entrevue à Radio-Canada, « on avait l'impression de jouer avec un monument, mais cette impression ne durait pas longtemps, parce que Paul était tellement chaleureux et gentil, que très rapidement, on jouait avec un ami, et c'est ce qu'il était pour nous, acteurs et actrices et tous les artisans de Québec. »

Paul Hébert était avant-gardiste et audacieux. En 1949, il part à Londres pour y recevoir une formation d'acteur, après des études à l'Université Laval. Il a d'ailleurs été le premier Canadien, francophone et anglophone confondus, à recevoir une formation d'acteur à la Old Vic School. De retour au Québec en 1952, il est très actif : il fonde ou cofonde, ou encore dirige plusieurs théâtres, dont l'un des premiers théâtres d'été, le Chantecler, qu'il cofonde avec Albert Millaire, en 1955, et le Théâtre Paul-Hébert à l'île d'Orléans (1982), qui déménage en 1998 au sommet de la chute Montmorency et qui devient le Théâtre de la Dame blanche.

Paul Hébert devient le premier directeur artistique du Théâtre Le Trident, à Québec, qu'il dirige de 1971 à 1978. Il y adapte et met en scène la pièce qui donnera ses lettres de noblesse au Trident, Charbonneau et le chef. Dans cette pièce, écrite par un étudiant au doctorat, Thomas McDonaugh, jouent Jean Duceppe et Jean-Marie Lemieux qui interprètent le premier ministre Maurice Duplessis et monseigneur Charbonneau, un opposant de Duplessis, avec pour trame la grève des travailleurs de l'amiante d'Asbestos. Car, pour Paul Hébert, le théâtre est aussi un geste social. Comme le raconte Jack Robitaille, « Paul avait créé un décor réaliste : il avait fait construire la barrière des grévistes et une réplique du bureau de Duplessis pour que les gens se fassent une idée de la chose. L'aspect éducatif du théâtre était important pour lui. »

Autre anecdote qui démontre l'audace de l'homme, « la famille de l'un des personnages de la pièce Charbonneau et le chef, a menacé de poursuivre le Trident pour empêcher la présentation de la pièce, ajoute Jack Robitaille, et Paul Hébert a tout de même décidé d'aller de l'avant. Selon Jack, cette pièce a aussi lancé la compagnie de Jean Duceppe qui l'avait reprise à la Place des Arts, à Montréal.

Même s'il se considérait d'abord comme un homme de théâtre, Paul Hébert a aussi joué à la télévision et au cinéma. Parmi les rôles marquants à la télévision, mentionnons celui de Charles Beauchemin dans Race de monde (Victor Lévy-Beaulieu), et celui de Siméon Desrosiers dans Le temps d'une paix (Pierre Gauvreau), premier téléroman québécois à obtenir une cote d'écoute dépassant trois millions de téléspectateurs.

Au cinéma, on l'a vu dans La vie heureuse de Léopold Z, en1965 (Gilles Carle), Les yeux rouges, en 1982, Les fous de Bassan, en 1987 (Yves Simoneau), Le confessionnal en 1995 (Robert Lepage), et Route 132, en 2010 (Louis Bélanger).

Parallèlement à sa carrière d'acteur et de metteur en scène, Paul Hébert a toujours eu à coeur de partager ses connaissances et de transmettre sa passion. En 1965, il a enseigné l'improvisation à l'École nationale de théâtre. En 1969, on l'a nommé directeur du Conservatoire d'art dramatique de Montréal et vice-président du Centre national des Arts à Ottawa. En 1970, il prenait la direction du Conservatoire d'art dramatique de Québec.

Pour Sophie Prégent, « sa voix s'est éteinte, mais son oeuvre demeure, parce qu'il a tant fait pour le théâtre, qu'il a aidé tant de gens et qu'il y a tant de théâtres aux idées extraordinaires. Son héritage continuera de vivre grâce au travail de nombreuses personnes, dont Anne-Marie Olivier, directrice artistique du Trident, Michel Nadeau, directeur artistique du Théâtre de la Bordée, le dramaturge Robert Lepage, pour ne nommer que ces artistes, qui sont en quelque sorte les filles et les fils, les petites-filles et les petits-fils de Paul Hébert. »

 

SOURCE UNION DES ARTISTES



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